Le journal français Mediapart a publié une enquête sur la face sombre de l’Agence française de développement (AFD) censée venir en aide aux Etats africains. L’un des plus gros scandales qui entachent la réputation de cette agence a éclaté au Cameroun. L’AFD a accordé un prêt de 46 millions d’euros (plus de 30 milliards de francs CFA) à l’Etat du Cameroun en 2016.
Ce montant devrait servir à rénover l’aéroport de Douala. Deux sociétés françaises Sogea Satom, filiale du leader français du BTP Vinci et Razel-Bec avaient été retenues pour les travaux. Deux ans après, la compagnie française Air France a adressé une note au directeur de la société des Aéroports du Cameroun pour lui présenter l’état piteux de l’aéroport de Douala.
CamerounWeb vous propose un extrait de l’article de Mediapart
L’un de ces projets controversés se trouve à Douala, la capitale économique du Cameroun, aux mains du président Paul Biya depuis 38ans. En 2016, l’agence publique a prêté 46millions d’euros à l’entreprise publique Aéroports du Cameroun pour la rénovation de l’aérogare de Douala, la réfection de sa piste d’atterrissage et quelques autres travaux. Deux entreprises françaises sont alors sélectionnées: la Sogea Satom, filiale du leader français du BTP Vinci, et Razel-Bec. Montant des contrats: 24,4millions d’euros. Deux ans plus tard, quinze compagnies aériennes, dont Air France, écrivent au directeur général d’Aéroports du Cameroun.
Le terminal de passagers est d’une «saleté repoussante», avec ses «peintures défraîchies», ses «branchements électriques incohérents» et cette «forêt inextricable de câbles» qui pendent un peu partout sur les façades extérieures. Mais, selon les signataires, le «plus préoccupant» concerne la sécurité des avions. «Les tarmacs gorgés d’huile n’ont plus la résistance initiale et se détériorent rapidement», s’alarment-ils, ajoutant qu’il «ne se passe pas une journée sans panne ou manque de matériel» sur place. Depuis, certains des travaux prévus ont été réalisés mais, selon nos informations, l’aérogare de passagers demeure toujours en très mauvais état.
Comment ont été utilisés les millions d’euros transférés vers Aéroports du Cameroun, avec quelles garanties contractuelles et quel audit du projet? En posant ces questions à l’AFD, nous nous sommes heurtés au mur du secret bancaire. Brandi par l’organisme public en mars 2018 à la suite d’une demande d’accès aux documents, ledit secret fut invoqué trois mois plus tard par la Commission d’accès aux documents administratifs, la Cada, chargée d’arbitrer le litige.
Lors d’une audience en février 2021, le tribunal administratif de Paris a confirmé que certains documents demandés étaient protégés par le secret bancaire. Pour les autres, les avocats de l’AFD annonçaient au dernier moment qu’ils n’existaient pas. Quant à Emmanuel Freudenthal, le journaliste (collaborateur de Disclose) qui avait demandé l’accès à ces documents, il a été condamné à payer la somme de 1000euros de contribution au frais d’avocat de l’AFD.