C’est en 2006 que le Cameroun a lancé une opération de lutte contre la corruption que la presse a baptisée «Épervier». En dix ans, des dizaines de hauts responsables camerounais ont été arrêtés dans le cadre de ladite opération qui n’en finit pas de susciter la polémique. Et le cas Marafa Hamidou Yaya en fait partie.
En effet, cet ex-commis de l’État a occupé des postes stratégiques dans le Gouvernement du Président Paul Biya. Pourtant, depuis que l’ancien Ministre de l’Administration Territoriale et la Décentralisation (MINATD) a été condamné à 25 ans de prison pour détournement de deniers publics, il n’a jamais cessé de clamer son innocence. Et la libération de Lydienne Yen Eyoum, graciée par Paul Biya, doublée de la pression des Nations Unies, vient raviver la flamme d’une éventuelle libération.
Mais cette idée est loin de réjouir nombre d’apparatchiks qui rejettent l’éventualité de la libération de l’ex- MINATD, indique Le Messager du mardi 12 juillet 2016. En fait, le cas de Marafa embarrasse le pouvoir de Yaoundé, rapportent des indiscrétions glanées dans les cercles introduits. Amadou Moustapha, chargé de mission à la Présidence de la République aurait tenu à ce sujet ces propos: «libérer Marafa Hamidou Yaya avant cette échéance électorale pourrait se révéler contre-productive».
À moins que la situation politique et sociale n’évolue de façon inattendue, tout laisse donc croire que l’avenir de Marafa dépendra du calendrier et des enjeux d’un processus électoral non encore maitrisé.
Pour les pro-Marafa, «il doit être libéré, car il n’a rien fait. Son dossier ainsi que celui de Mebara sont une honte pour notre système judiciaire», lit-on dans le journal. Roland Adjovi du groupe de travail de l’ONU saisi au printemps 2015 après l’arrestation de Marafa, estime pour sa part que «si l’État a des raisons de le poursuivre en justice, il faut qu’il ait un nouveau procès en respectant toutes les règles du droit».