Depuis plusieurs semaines, André-Blaise Essama, activiste camerounais est à nouveau incarcéré à la Prison centrale de New-Bell à Douala. On lui reproche une fois de plus, la destruction de la statue du Général français Leclerc à la Poste centrale de Bonanjo, quartier administratif de Douala. André-Blaise Essama subit ainsi les conséquences de la contrainte par corps, lui qui a refusé de payer les frais inhérents à la réhabilitation du monument.
En lieu et place de cette exigence du Tribunal de première instance de Bonanjo, l’activiste camerounais a proposé de fabriquer des monuments représentant les héros camerounais. Rencontrée par nos confrères du Quotidien Le Messager, édition du jeudi 26 mai 2015, Marguerite Ndonfack, la mère de ce militant pour la commémoration des héros nationaux estime que son fils a choisi « une voie salutaire pour tous les camerounais ». Mais elle appelle surtout les camerounais, en particulier le président de la République en particulier à écouter les pleurs de son premier enfant, aujourd’hui âgé de 40 ans.
« Je crois que cet enfant suit son chemin. Je prie le peuple camerounais de l’aider en l’écoutant. Et comprendre ce qu’il veut. Si ça peut nous aider. Est-ce que n’importe qui peut aller se mettre au carrefour et faire ce qu’il fait ? Ou dire ce qu’il dit ? Que les médecins, les psychologues, les politiques, les prêtres et pasteurs essaient aussi de comprendre pour l’aider », a-t-elle imploré.
Dans cet entretien, Marguerite Ndonfack revient aussi sur l’origine du comportement insaisissable de son fils que beaucoup assimilent à un malade mental. A l’en croire André-Blaise Essama serait victime de son brillant parcours académique (BEPC à 12 ans) sanctionné par un diplôme d’ingénieur en analyse d’algorithmes obtenu dans une université européenne avant l’âge de 20 ans. Ses ennuis auraient commencé dès son retour au bercail notamment lorsqu’il a eu le courage d’aller à la présidence proposer son expertise à Chantal Biya, première dame du Cameroun qui s’apprêtait à lancer une association. Elle raconte : « L’histoire est longue et douloureuse.
Je me rappelle comme si c’était hier. Quand mon fils revient pour la première fois d’Europe pour deux semaines de congés au mois d’août, il nous fait savoir que la première dame, Chantal Biya est en train de vouloir créer une association. Il était très informé. Il lit les journaux depuis qu’il est tout petit et a même appris à conduire très tôt. A l’époque, il a environ 18 ans. Il se met donc à monter un dossier qu’il va déposer à Yaoundé. Pour lui, c’était évident qu’il soit reçu comme cela se passe en Europe.
Apparemment, son dossier était pertinent. On aurait même testé et vu que ses propositions étaient magnifiques. Mais à la fin, on se demandait comment un enfant aussi jeune a pu monter un tel dossier et conduire une voiture jusqu’à Yaoundé. Je ne sais plus comment ça s’est passé mais des jours après, la présidence nous appelle.
C’est la panique à la maison. Elle nous demande comment on a pu laisser un enfant aussi jeune arriver jusqu’à Yaoundé. Ils étaient très aimables au téléphone et m’ont fait savoir qu’Essama était détenu au Sed (Secrétaire d’Etat à la Défense) ». C’est dès sa sortie du Sed après plusieurs années de détention qu’Essama aurait commencé à manifester des comportements incontrôlables. « Je me rends compte qu’on a abusé de mon fils.
On a vraiment abusé de lui. Il n’était pas malade. Et même s’il y avait eu quelque chose, c’est peut-être le traumatisme d’avoir été refoulé à la présidence quand il voulait parler à sa mère (Chantal Biya, ndlr) », soutient Marguerite Ndonfack. « Ça fait23 ans, ajoute-t-elle qu’il est dans les problèmes. On l’a tellement menacé en prison malgré son jeune âge ». Elle appelle à une synergie d’actions non seulement pour la libération d’Essama, mais aussi pour comprendre ses agissements.