Rituel, magie, envoutement… Plongée dans l’univers sombre et mystérieux de ces êtres sans vergogne dont l’influence s’étend à travers la société, semant la peur et la division dans les familles. Les récits des victimes dévoilent l’obscurité qui se cache derrière les pratiques de ces charlatans. Dans les recoins les plus sombres de la société camerounaise, se cachent des individus qui se sont proclamés demi-dieux. Des maîtres de l'occulte, des marabouts. Isolés dans les brousses et les forêts, ils exercent des pratiques inquiétantes qui jettent un voile d'ombre sur la vie des citoyens ordinaires.
Manipulation de corps, rituels inhumains, ensorcellement, lavage de cerveau, manipulation de conscience... Leur arsenal de manœuvres destructrices n'a d'égal que leur soif de pouvoir et leur cupidité. Pour certains, ils sont perçus comme des guérisseurs, des figures mystiques capables de miracles. Pour d'autres, ce ne sont que des charlatans, des imposteurs qui exploitent la crédulité des gens. Mais une chose est sûre : leur emprise sur certaines familles est telle que leurs consignes sont respectées au-delà du raisonnable, transformant la vie de nombreuses personnes en une existence anormale. Josiane Mentsou, dont la mère, Yvonne Mentsou, est très dévote aux conseils d' une femme qui prétend avoir été envoyée du ciel pour délivrer leur famille, mais qui a complètement détruit celle-ci.
Elle raconte : « J'ai deux petits frères et l'un est tombé malade depuis son enfance, il souffre d'anémie sévère et c'est devenu cyclique. Un jour ma mère est allée voir une femme qu'on lui a recommandée car elle guérit les malades. Ma mère est rentrée à la maison en pleurant et en insultant mon père de tous les noms. On lui aurait dit que mon père veut tuer mon frère malade et en faire un sacrifice. Elle a continué d'aller chez cette femme et un jour, elle a eu l'idée d'amener mon frère là-bas. Deux jours plus tard il est mort dans son sommeil. Aujourd'hui mon père ne vit plus avec nous. Ma mère elle-même est en proie à la folie. Elle aussi prétend déjà être guérisseuse », raconte-t-elle, les larmes au bord de la rétine.
Dans l'ombre du mal, ces individus répandent leur venin spirituel nocif, leur « magie noire », sapant les fondements de la société camerounaise. Leurs pratiques et leurs manipulations perfides alimentent la peur, la superstition et la division. Tel un cauchemar insidieux, leur influence s'étend car, désespérées, plusieurs personnes se retrouvent dans les sentiers des brousses à la recherche de la « délivrance », du succès, de la réussite et de la richesse. Comment est-il possible de croire qu'une personne vous demande de l'argent pour vous rendre riche ? Paradoxe. Mystère Dans le cadre de cette enquête, le reporter de votre journal s'est rendu auprès de l'un de ces marabouts dans l'arrondissement de NkolAfamba au quartier « la vie continue ».
Une fois la porte grinçante du cabinet du marabout ouverte, l’atmosphère devient étouffante et pesante. Une odeur âcre de fumée d'encens envahit les lieux, mêlée à des parfums d'herbes et de résine. Les yeux s'ajustent à la pénombre, révélant un décor digne d'un cauchemar ésotérique. Les murs sont tapissés d'amulettes multicolores, pendantes. Des symboles ésotériques s'entremêlent, créant une ambiance oppressante. Au sol, une centaine de boîtes éparpillées révèlent des secrets en leur sein. Des poudres de couleurs variées, des racines noueuses, des ossements énigmatiques constituent un parterre de mystères sinistres.
Des peaux de bêtes, séchées et tendues, servent de tapis de fortune dans ce sanctuaire obscur. Des cornes d'animaux, disposées de manière aléatoire, semblent observer en silence les visiteurs indésirables. Des calebasses étrangement décorées, contenant des liquides dont la nature reste inconnue, renforcent l'atmosphère lugubre qui règne en ce lieu. Chaque coin de la pièce recèle un objet étrange. Les ombres dansent de façon surnaturelle, projetant des formes déformées sur les parois, amplifiant le malaise des visiteurs. Les récits troublants de personnes ensorcelées, de familles brisées par des rituel s obscur s et de vies détruites par des manipulations mentales cruelles témoignent de l'ampleur du mal que ces individus sinistres peuvent causer. Au quartier Anguissa, une histoire qui s'y est déroulée en 2020 restera à jamais célèbre. Celle de « Tchin-tchin » , qui a aujourd'hui disparue dans la nature. Alors qu 'il jouait pour le Canon Fc de Yaoundé, il a obtenu un contrat avec un club en 2e décision du championnat suisse. Deux jours avant son départ, une voisine, « la mère de son coéquipier » explique son petit frère, lui a offert à manger. Après avoir dégusté le repas, celui qui était censé prendre l'avion pour Berne, s'est plaint de douleur à la tête. « Il s'est reposé et à son réveil, il criait, et était devenu violent. Ma mère s'est mise à pleurer et il s'est déshabillé avant de sortir en pleine nuit pendant la pluie. C'était la dernière fois que je l'ai vu », fait savoir Ndimbe, son petit frère.
Lutter contre la superstition
Le bas peuple n'est pas seul à solliciter les services des « Alan Mimbou» . Le 18 octobre 2012, le média France Info publiait un article sur les marabouts (une cinquantaine) qui menaçaient de faire le sit-in devant le ministère des Sports, reprochant à l'État de n'avoir pas payé leur « prestation mystique ». Tant d’histoires.
Pourtant la législation en vigueur est claire pour ce qui concerne des faits de sorcellerie ou similaire. Face à ce phénomène, il est impératif de briser le silence, de dénoncer et de sensibiliser la population sur les dangers des marabouts et de leurs pratiques occultes. Lutter contre la superstition, promouvoir l'éducation et renforcer les liens communautaires sont autant de mesures essentielles pour endiguer l'emprise dévastatrice de ces individus sans scrupules. Car tant que les marabouts continueront à prospérer dans l'ombre, la société camerounaise restera vulnérable à leurs manipulations vicieuses et à leurs actes néfastes.