A Tourou, localité située à 40 km de Mokolo, chef-lieu du département du Mayo-Tsanaga, le retour de Habiba Salé continue de susciter des curiosités.
«A bien l’observer, on constate qu’elle s’est rajeunie et est devenue encore plus belle. Elle est pimpante et fait l’objet des convoitises de beaucoup d’hommes ici au village. Elles est devenue la nouvelle star du village», glisse un habitant de Tourou.
Dans le village, c’est presque tout le monde qui veut discuter avec elle, certains le font par simple curiosité, tandis que d’autres, veulent comprendre réellement les souffrances qu’elle a endurées pendant son séjour au fief de ses ravisseurs.
La jeune dame de 21 ans, qui s’est échappée des mains de Boko Haram après dix-huit mois de captivité, a été remise à sa famille le 21 mai dernier par des responsables militaires. Telle une princesse, elle a été accueillie avec des youyous dans une liesse populaire.
«Les miens m’ont beaucoup manqué pendant ma captivité. Je reprends progressivement goût à la vie. Il n’y a pas meilleur bonheur que de vivre auprès de sa famille», lance-t-elle d’un sourire jovial, et une mine décontractée.
Près de deux mois après son retour parmi les siens, la fugitive du groupe terroriste reprend peu à peu une vie normale. Mais la mère d’un nourrisson de deux ans, abandonné aux mains de Boko Haram pendant sa fuite, ne jouit pas pleinement de sa liberté.
«Depuis mon retour au village, le maire a demandé que les hommes ne me dérangent pas et ne me brutalisent pas», confie Habiba Salé.
Selon un de ses voisins, tous les mouvements de Habiba Salé sont systématiquement surveillés.
Des restrictions de liberté qui visent à mieux l’aider à se resocialiser.Mais ces restrictions deviennent de plus en plus sources d’ennuis pour la jeune mère, car elle ne fait aucune activité et passe toutes ses journées à se retourner les pouces.
«Je passe toutes mes journées à ne rien faire. D’ailleurs, on m’a interdit de sortir de chez moi. Pourtant, je voudrais quitter Tourou pour aller m’installer à Mokolo. Je pense que là-bas, je peux avoir des opportunités de me lancer dans des petites activités lucratives», regrette-t-elle.
Pourtant, à Tourou, les villageois l’envient parce qu’elle bénéficie ’un traitement particulier.