Une réunion troublante tenue début janvier à Cologne suscite de vives inquiétudes quant à la radicalisation de certains membres de la Brigade anti-sardinards (BAS). Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, un militant connu sous le nom de "Fils du planteur" y a ouvertement appelé à l'armement des séparatistes d'Ambazonie.
"Nous allons acheter des armes pour envoyer à l'Ambazonie !", aurait lancé Tamen Mbianguang Adi-Leroi devant l'assemblée, comme le rapporte l'enquête du magazine panafricain. Un discours accompagné d'un geste symbolique : le dépôt d'une enveloppe d'argent, censée initier cette démarche d'armement.
La gravité de ces déclarations a déclenché une réaction immédiate au plus haut niveau de l'État camerounais. Jeune Afrique révèle qu'un ancien membre de la BAS, Junior Zongo, a alerté directement le contre-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial du président Biya. Ce dernier s'est même déplacé en personne à Paris pour évaluer la menace.
"Ce n'est que par la force que nous allons renverser le régime de Paul Biya", aurait affirmé le "Fils du planteur", évoquant même des contacts directs avec des leaders séparatistes comme "Field marshal", selon les informations recueillies par le journal.
Cependant, cette radicalisation ne fait pas l'unanimité au sein du mouvement. D'après l'enquête de Jeune Afrique, le "Général Wanto", figure historique de la BAS, prend ses distances avec ces déclarations qu'il qualifie "d'irréfléchies". Il va jusqu'à railler la naïveté de certaines propositions, notamment celle d'acquérir des armes "pour dix euros".
Les services de sécurité camerounais prennent néanmoins ces menaces très au sérieux, rappelle le magazine, notamment en raison des antécédents du mouvement qui avait démontré sa capacité de nuisance lors d'actions passées contre les ambassades camerounaises.