Actualités of Tuesday, 1 August 2023

Source: L’Indépendant N° 757

La revanche de Fru Ndi…après sa mort

John Fru Ndi chairman du SDF John Fru Ndi chairman du SDF

Décédé le 12 juin dernier, le leader du Sdf a eu droit à des obsèques officielles. Le décret présidentiel du 26 juillet dernier instituant les obsèques officielles en l’honneur de celui qui fut son challenger des plus féroces, est apparu à la fois comme un acte de convivialité politique et de reconnaissance de la stature et du parcours éloquent de Ni John Fru Ndi.

De la levée de corps à l’hôpital général de Yaoundé le 27 juillet dernier à la veillée au palais des sports de Yaoundé, avant le départ de Baba II, son village natal dans la Mezam, région du Nord-ouest, on peut imaginer l’ampleur de l’hommage rendu à ce leader charismatique de l’opposition Camerounaise. Le gratin politique à travers des personnalités de tous bords, la société civile, les diplomates, les hommes d’église, et même la presse, ont unanimement salué la mémoire d’un homme épris de paix. Cet homme ordinaire ayant réalisé des œuvres extraordinaires, est resté jusqu’à sa mort, très proches du peuple. L’image d’un homme fruste et rébarbatif que s’employaient à construire ses contempteurs, a été battue en brèche par tous les témoignages.

C’est Xénon, le philosophe stoïcien grec qui disait :"On ne peut juger du bonheur d’un homme qu’après sa mort". De Fru Ndi, contrairement à toutes les campagnes de démolition dont il a fait l’objet, on retiendra l’image d’un humanisme incorruptible devant toute les menaces qui auraient pu faire basculer le Cameroun dans le chaos général. Lorsqu’il est battu d’une courte tête à la présidentielle d’octobre 1992, certains de ses soutiens et autres partisans, l’invitent à pousser le peuple dans la rue pour revendiquer sa victoire. Il résistera à l’obsession du pouvoir à tout prix et aux chantres de "la victoire volée".

L’explosion des revendications sécessionnistes, n’aura pas eu raison de sa détermination à préserver la paix et l’unité du Cameroun. Il sera enlevé par les sécessionnistes et restera imperturbable sur l’unité du Cameroun au point d’être accusé de traître et de collabo, après sa participation au grand dialogue national. Amoindri par la maladie, le cancer qui le rongeait depuis des années, aura finalement eu raison de lui. Il s’éteint loin de son quartier général de Ntarikon, meurtri par cet exil de l’intérieur à Nkol-Mfoulou, une banlieue de Yaoundé où il vivait depuis un certain temps.

Patriote, combattant farouche de la démocratie, père de famille attentionné, Fru Ndi était aussi tout simplement un homme qui a vécu comme un drame personnel et profond, la disparition de sa Rose il y a quelques années. Elle était à la foison âme sœur, sa protectrice et son inspiratrice. Il laisse un parti traversé par des dissensions internes et des querelles de leadership entre ses différents héritiers. Le Sdf survivra-t-il à Ni John Fru Ndi sans connaître au mieux un schisme et au pire une implosion ?