Politique of Tuesday, 26 June 2018

Source: 237actu.com

‘La succession de Biya ne doit pas profiter à ceux qui se prostituent (…)’

Banda Kani est revenu sur le 1er congrès de son parti tenu, les 15 et 16 juin à Douala Banda Kani est revenu sur le 1er congrès de son parti tenu, les 15 et 16 juin à Douala

Le président du Nouveau Mouvement Populaire Banda Kani était sur le plateau de la télévision en ligne Afrik.Inform dans le cadre de l’émission « 7minutes pour convaincre ». Le président National du Nouveau Mouvement Populaire (NMP) est revenu sur na notion de « panafricanisme de gouvernement » évoqué » lors du 1er congrès de son parti tenu, les 15 et 16 juin 2018 dans la capitale économique du Cameroun.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité des échanges entre l’homme politique et nos confrères Afrik.Inform

Monsieur Banda Kani, comment définissez-vous le « NMP » (Nouveau Mouvement Populaire) ?

Le Nouveau Mouvement Populaire (NMP) est un mouvement néo-panafricaniste. C’est une dynamique de révolution mondiale d’une ampleur souterraine sans précédent. Cette dynamique que rien n’arrêtera, contre laquelle aucune force au monde, ne pourra venir à bout.

En sept (07) ans d’existence de votre Parti le NMP, qu’est-ce qu’il a apporté dans la sphère politique camerounaise ?

Non seulement le NMP et son Président national ont assumé pendant sept (07) ans, le mouvement néo-panafricaniste contre les vents et les marées les plus violents, ils assument en même temps, une nouvelle conception de la politique, et donc du parti politique. C’est ainsi que le NMP n’a placé aucune carte alors que s’il avait voulu le faire, il en aurait placé plus de cinq cent mille (500 000).

LIRE AUSSI: Exclusif: Kamto, Osih, Akéré Muna et les 2,6 milliards des États-Unis

Rarement, un parti a été autant sollicité pour des adhésions mais nous avons opté de bâtir tout d’abord une fondation solide en gagnant les cœurs, et ce durablement.Y’a-t-il meilleure adhésion que celle du cœur ? Pour que cette conquête des cœurs soit rationnelle, nous avons, durant sept (07) ans, dans des conditions révolutionnaires, formé une cinquantaine de cadres de très haut niveau. Dans les deux ans qui viennent, ils passeront à deux cent cadres. Ceux qui ont une culture de l’organisation révolutionnaire, savent ce que signifie un tel niveau d’investissement.

Nous parlons de hauts cadres et non de militants. Nous avons organisé de nombreuses conférences, de nombreuses conférences de presse et des manifestations, qui ont toutes, été d’un grand impact sur l’évolution du Cameroun et de l’Afrique. Le mouvement néo-panafricaniste, sa solidité alors que ses détracteurs lui avaient prédit un destin de feu de paille, ne sortent pas d’une génération spontanée. Ils supposent en arrière-plan, un travail harassant, sacrificiel et stratégique. Ce travail ingrat, le NMP l’a assuré et l’assurera toujours.

Quelles sont les missions à terme de cette nouvelle dynamique politique puissante et audacieuse qu’est le « néo-panafricanisme » ?

Ses missions à terme, consistent à :
à contrecarrer le projet recolonial des puissances à éviter que la succession du chef de l’Etat profite
à des endo-colons qui, poursuivront dans la prostitution avec l’occident capitaliste au détriment du pays et du peuple
à assurer la continuité institutionnelle dans une perspective panafricaniste
Les choses sont désormais claires.

Les enjeux de l’heure nous interdisent de prêter le flanc à une personnalisation primaire de nos contradictions politiques pour objectiver celles-ci dans la seule stratégie qui réconcilie l’alternance et l’alternative : le soutien dialectique aux institutions et à celui qui, pour le moment, les incarne. Ce n’est pas un soutien domestique ; nous ne sommes pas engagés dans une alliance de gouvernement qui, n’aurait pour objectif essentiel, que l’accès aux postes. C’est un soutien dynamique et dialectique. Il consiste à soutenir les institutions pour mieux combattre le système et le démanteler, en anticipant sur l’évolution institutionnelle du pays.

Quelle est la vocation du néo-panafricanisme ?

Nous vous répétons volontiers, la vocation du néo-panafricanisme est de prendre le pouvoir d’Etat mais ceci par des voies authentiquement panafricanistes. C’est-à-dire sans le patronage des puissances étrangères mais par la puissance de l’esprit authentiquement africain. Cet esprit qui a fécondé la civilisation universelle africaine, la gloire de l’Egypte antique, de l’Afrique des grands royaumes. Cet esprit, ancien des âges, qui a fait de ce continent, le berceau de la civilisation, la mère de l’humanité. Cet esprit africain, qui est à l’œuvre pour faire du Cameroun, le lieu où l’on assume radicalement et porte l’espérance panafricaniste.


LIRE AUSSI: Escroquerie: Cabral Libii bientôt en prison?

Avant l’avènement du néo-panafricanisme et du NMP, en quoi consistait la politique au Cameroun et en Afrique ?

Avant l’avènement du néo-panafricanisme et du NMP, la politique au Cameroun et en Afrique consistait à démocratiser les Etats (alternance au sommet des Etats, limitation des mandats présidentiels, défense et promotion des droits de l’homme, bref à la traque et à la chasse des « dictateurs » d’une part et à la satisfaction des exigences du FMI d’autre part.

Toutes ces choses qui signifient la recolonisation du continent, qui ne peut se faire sans la façade d’une nouvelle mission civilisatrice : nous sortir de l’animalité pour nous amener à l’humanité par le biais de la démocratisation et de la bonne gouvernance. Si ce n’était ça, ce serait moins grave. Mais il y avait plus que ça, de plus grave.

C’était que les africains paraissaient heureux de subir cette cure de civilisation. Ils étaient les agents de leur propre servitude. Ça a brûlé ici et là en Afrique, ces Etats qui ont été dépecés, ces pays qui basculaient du jour au lendemain dans la guerre civile, ces Etats qu’on renversait au gré des vents d’Est, des vents d’Ouest ; ces rebellions armées qu’on présentait comme des modèles d’héroïsme et de modernité, ces Chefs d’Etats assassinés, déportés au nom de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Les criminocraties occidentales qui étaient derrière ces crimes, ont réussi la prouesse que leurs ancêtres esclavagistes avaient réalisé ; Faire passer le vice pour la vertu, le crime pour un acte de bienfaisance, le mensonge en vérité, l’injustice pour la justice, la crapulerie en noblesse. Les dictatures se font passer pour des démocraties, la criminalité économique pour l’économie, les plus grands violeurs des droits de l’homme se passent pour les plus grands défenseurs et promoteurs des droits de l’homme. Voilà la prouesse géopolitique que les nouveaux civilisateurs, héritiers des anciens civilisateurs d’hier, ont réussi.

Des millions d’africains meurent parce qu’ils croient aux vertus de cette nouvelle cure civilisationnelle. Le problème de l’Afrique, au regard de tout ce qui précède, c’est la dictature. Les nouveaux civilisateurs avaient possédé l’opinion africaine dans une espèce d’ensorcellement géopolitique sans précédent. Pour faire de la politique au sens noble de l’idée, il fallait briser ce carcan et par là, libérer l’opinion et les imaginaires. Nous n’avons pas été effrayés par le caractère titanesque de la tâche et nous avons engagé le combat.

Au bout des sept (07) ans, quels sont les résultats ?

En effet, nous avons changé la face du monde, opposé à l’occident une intelligence géopolitique supérieure à la leur en anticipant sur les scénarios. Nous avons brisé l’arrogance de l’occident et l’avons obligé à faire profil bas.

Après avoir fait échouer les projets de recolonisation, de déstabilisation des pays africains, structurer le débat au niveau global et continental en dominant et en nourrissant les thèmes majeurs ; Franc CFA, démocratisation et décriminalisation des relations internationales, financement de l’Union Africaine, exposé l’essence hideuse de la CPI (Cour pénale internationale) ; après avoir pénétré le huis-clos des chefs d’Etat de l’Union africaine pour y influencer les ordres du jour au point que des résolutions inédites y ont été prises, nous avons réhabilité les Chefs d’Etats africains injustement malmenés par l’impérialisme. Nous avons fait évoluer les mentalités ; tout ceci obtenu sans aucune violence.

Selon vous, quelles sont les conséquences du refus d’affronter les problèmes africains dans leur profondeur ?

Le refus d’affronter les problèmes dans leur profondeur, amène les faux panafricanistes et autres opportunistes, à emprunter les raccourcis démocratiques. Ce qui permet de fermer les yeux sur les structures objectives de l’impérialisme et de ne que les ouvrir pour mieux voir l’absence de « démocratie et de bonne gouvernance ». Cette contradiction secondaire formée par l’endo-colonialisme est exploité à fond par l’occident capitaliste pour diviser politiquement et géopolitiquement l’Afrique, mieux nourrir des oppositions africaines. Il faut donc sortir de ce piège dont les effets sont dévastateurs pour le continent.

Revenons au thème de votre 1er congrès « Pour un panafricanisme de gouvernement ». En quoi consiste le panafricanisme de gouvernement ?

Le panafricanisme de gouvernement consiste à élaborer une alternative de gouvernement et à la rendre opérationnelle du petit échelon institutionnel jusqu’au plus élevé. Le panafricanisme ne sera plus ce mouvementisme médiatique prolongé sur le terrain par quelques actions velléitaires et sporadiques.

LIRE AUSSI: NgonnoLe régime Biya veut profiter de la crise pour s'enrichir

Quelle analyse faites-vous de la situation qui prévaut au Cameroun ?

Le Cameroun est au centre, le lieu de convergence et de confrontation de deux dynamiques historiques : la dynamique de restauration coloniale et la dynamique d’accomplissement révolutionnaire néo-panafricaniste.

Quelle différence y a-t-il entre la dynamique de restauration coloniale et la dynamique d’accomplissement révolutionnaire néo-panafricaniste ?

La dynamique de restauration coloniale est la continuatrice et l’héritière des traditions politiques esclavagistes, colonialistes, dans leur vieil inceste avec les endo-colons locaux.

La dynamique d’accomplissement révolutionnaire néo-panafricaniste quant à elle, est l’héritière et la continuatrice des traditions politiques anti-esclavagistes, anticolonialistes, panafricanistes plus que multi-centenaires. Ces deux dynamiques sont en confrontation intense. Cette intensité culmine en cette veille d’élections présidentielles fixées en octobre 2018. Chacune a son mouvement social, sa stratégie de prise du pouvoir, son projet politico-historique, ses allégeances.

Que préconisent les panafricanistes face à cette médiocrité des offres politiques ?

Cette médiocrité des offres politiques qui appelle et rend nécessaire le panafricanisme comme idéologie de la libération du Cameroun, de l’Afrique et de toute l’humanité mais aussi comme programme opérationnel de gouvernement.

Elle prend le contrepied de la démocratie recolonisatrice et de sa bonne gouvernance basées sur la géo-ethnie pour promouvoir une vision politique qui se décline sous les grandes orientations suivantes : la démocratisation de la démocratie le dépassement du capitalisme dans la nouvelle économie panafricaine l’avènement du nouvel ordre de la communication et de la culture la refondation de l’Etat sur des bases panafricanistes la révolution de l’école et de l’université la reconfiguration de la société sur la base de la justice sociale et de la promotion des hautes valeurs de civilisation africaine la sortie du Franc CFA, le démantèlement des bases militaires une nouvelle vision des forces armées et des forces de maintien de l’ordre L’avènement des nouvelles relations internationales.