Actualités of Tuesday, 27 June 2023

Source: Le Messager

Labogénie : le personnel agonise, Paul Biya silencieux

Plusieurs employés du Laboratoire national du génie civil ont entamé un sit-in Plusieurs employés du Laboratoire national du génie civil ont entamé un sit-in

Plusieurs employés du Laboratoire national du génie civil ont entamé un sit-in hier, pour espérer trouver une solution concernant leurs revendications non prises en compte par leur directeur général Jean Moufo nommé depuis 5 ans. 10h 02 devant le Labogénie ce lundi 26 juin 2023. Plusieurs employés de cette entreprise, sont placés à l’entrée principale, exhibant des pancartes qui expriment leur ras-le-bol. Illico presto, un policier, qui s’est présenté comme un commissaire de police arrive, tente d’abréger la grève en vain. « Qu’est-ce qui vous autorise à faire un mouvement d’humeur ? Cette grève est-elle légale ? Est-ce que toutes les voies de recours ont été épuisées ? Vous devez avoir une attitude la plus régalienne possible » , conseille-t-il. A l’un des grévistes de répondre : « La grève n’est pas interdite au Cameroun. Nous sommes dans notre droit, lorsqu’on a été abusé » .

Approchée, elle égrène chapelet de récriminations à l’endroit de la haute hiérarchie de l’entreprise, tout en craignant pour sa vie, à cause d’une forte présence d’une escouade de barbouzes à la solde du directeur général. « Nous revendiquons 15 mois de salaire non déclarés à la Cnps, les retenus prélevés de nos salaires non reversés à la Cnps, les congés impayés et cinq ans d’avancement et les commissions non tenues. Nous revendiquons aussi les frais médicaux, et nous nous inscrivons en faux contre les licenciements abusifs, les affectations disciplinaires, même pour les délégués du personnel, et l’absence de dialogue avec nos employeurs. Les gros bras sont devant le portail pour empêcher d’avoir accès au sein de l’entreprise. Pour un motif, aussi insignifiant soit-il, les salaires sont coupés. On procède même au paiement des salaires au faciès » , détaille Titi Nebiwoule, délégué du personnel au Labogénie.

Pour mieux comprendre les dessous de l’affaire, le reporter de votre journal a essayé d’avoir la réaction de la haute hiérarchie, sans succès. « Aucune personne n’est disposée à vous répondre. Les employés sont occupés par leurs différentes tâches », affirme une dame à la guérite. Pourtant, certains employés ne parviennent plus à joindre les deux bouts, comme Salomon Deutcha. « Après avoir servi cette entreprise pendant 36 ans, je ne parviens pas à jouir de ma retraite paisiblement. Depuis novembre 2021, mes droits n’ont pas été payés. Le vigile du directeur m’a dit qu’il demandé que j’aille me plaindre. Alors que nous avons collaboré ensemble pendant près de 30 ans » , déplore le sexagénaire.

Défiance

Plus grave, son collège, le sieur Mbaga à cause de leurs revendications, a été traduit au conseil discipline, et n’a plus eu accès à son bureau. « Il a dit que j’ai causé une perte de 150 000 000 de Fcfa. J’espère que devant les tribunaux, il aura le courage de soutenir cette accusation à mon endroit. Il n’a fait que violer la loi, oubliant que je suis protégé, et que je ne saurais être licencié sans autorisation préalable de l’inspecteur de travail, selon la loi. Après plus de 30 ans de syndicalisme au niveau mondial, je n’ai jamais vu où les autorités du ministère du travail convoquent un directeur général d’une entreprise comme la nôtre, et il refuse de s’y rendre pour négocier. C’est un mépris à l’endroit de son personnel, et surtout de l’Etat » , affirme le président du syndicat des travailleurs des bâtiments et travaux publics.

Comme lui, Titi Nebiwoule, décrie le dédain de sa plus haute hiérarchie. « Après le préavis de grève adressé à l’inspecteur du travail, il a convoqué jeudi dernier une réunion tripartite au cours de laquelle, il devait essayer de trouver un terrain d’entente pour toutes les parties. Malheureusement, notre directeur n’a pas trouvé utile de se présenter. Plus grave, l’inspecteur du travail commis par le délégué régional pour constater ce qui se passait, a été refoulé au portail » , confie-telle.