Dans une interview accordée au quotidien Le Jour en kiosque lundi 25 janvier 2016, Bernard Muna, l’ancien président de l’Alliance des forces progressistes (Afp), estime que le Cameroun a attendu trop longtemps avant de prendre des précautions face à la nébuleuse Boko Haram. «Quand Boko Haram sévissait au Nigéria, nous n’avons pas pensé qu’en partageant les mêmes frontières avec ce pays, Boko Haram devait entrer chez nous», indique l’homme politique.
Pour Bernard Muna, l’invasion de Boko Haram qui depuis quelques mois a opté pour les attaques kamikazes, ne doit pas être dissociée de la politique. «Beaucoup de gens parlent également de cette guerre en disant que ce sont des Camerounais qui font partie de ce mouvement terroriste. Mais je peux vous dire une chose, ce sont des gens qui ont la carte nationale d’identité camerounaise.
Ils ont obtenu ces cartes d’identité parce qu’il fallait frauder lors des élections. Dans cette zone frontalière, il y a certaines autorités de notre pays qui sont parties au Nigéria pour chercher les gens dans le souci de voter à leur avantage», souligne l’ancien procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda et ancien candidat à l'élection présidentielle camerounaise de 2011.
«Aujourd’hui, comme ces gens sont pauvres, lorsque que Boko Haram leur donne 1000F, ils sont obligés d’aller combattre à leurs côtés. Nous pouvons tout dire de Boko Haram mais le terrain a été préparé par nous», poursuit-il avant d’ajouter que le président de la République doit associer tous les partis de l’opposition dans la lutte contre cette guerre «parce qu’il s’agit d’une affaire qui nous concerne tous».
L’ancien président de l’Alliance des forces progressistes s’est également prononcé sur les récents appels de certains sénateurs et hautes personnalités de la République qui ont commencé à inviter Paul Biya à être candidat à la présidentielle 2018. Pour lui, tant que Paul Biya est en vie il a le droit de briguer un autre mandat en 2018 parce que la Constitution lui donne ce droit. «Je pense que les problèmes auxquels notre pays fait face ne sont pas liés à la personne de Biya, mais c’est le RDPC en général parce que plusieurs militants nommés à certains postes de responsabilités profitent de leur position pour détourner des deniers publics.
Certains sont déjà en prison. Mais il est important que si Paul Biya gagne en 2018 qu’il trouve d’autres personnes à qui il doit confier les responsabilités dans le gouvernement pour que la politique du Cameroun change. Les gens avec lesquels il dirige ne peuvent rien lui apporter de nouveau», pense Bernard Muna. Onana N. Aaron