Dans une déclaration poignante, Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), dénonce l'insécurité grandissante dans l'Extrême-Nord du Cameroun, où Boko Haram semble reprendre du terrain. Pointant du doigt l'inaction présidentielle et les défaillances stratégiques des forces de défense, le leader politique décrit une situation humanitaire critique, marquée par des attaques terroristes répétées, des populations abandonnées et un silence assourdissant des autorités face à la détresse des communautés locales.
DECLARATION SUR LE RETOUR EN FORCE DE LA SECTE BOKO HARAM DANS L'EXTRÊME NORD, L’INSUPPORTABLE SILENCE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET L'URGENCE D'UNE PROFONDE RÉFLEXION OPÉRATIONNELLE SUR LA GOUVERNANCE DES ARMÉES
Qu'est ce qui pourra enfin faire sortir le Président de la République de son silence qui désormais résonne comme de l'indifférence ?
La région de l'Extrême Nord de notre pays est sur le point de tomber à entre les mains des terroristes de BOKO HARAM.
Les populations de la ligne de front n'en peuvent plus. Elles se sentent abandonnées malgré les discours officiels sur leur sécurisation et la bravoure de nos soldats.
Dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 novembre 2024, le village KOUTOULA, dans l'Arrondissement de BLANGOUA, Département du Logone-et-Chari, dans la zone du lac Tchad et à proximité de la frontière avec un pays frère, a été victime d'une attaque terroriste meurtrière. Celle-ci a duré de 22 heures à 3 heures du matin, soit 5 longues heures, mettant à l'épreuve la capacité de réaction de nos Forces de défense.
Le chef du village, Monsieur BLAMA BALA HAMIDOU a été lâchement assassiné.
En mon nom personnel et aux noms des militants et sympathisants du MRC, je prie sa famille d'accepter mes sincères condoléances et l'expression de ma profonde compassion.
Plusieurs membres de sa famille ont été enlevés par les assaillants. Les autorités compétentes doivent activer tous les leviers possibles pour sauver les vies de ces personnes enlevées.
Par ailleurs, plusieurs commerces ont été pillés.
Il faut rappeler que cette attaque terroriste était la troisième dans la même semaine. Ceci pose avec gravité la question du fonctionnement du renseignement prévisionnel et même opérationnel dans cette zone de guerre. Comment dans une telle zone des terroristes peuvent-ils se voir laisser une telle marge de manœuvre opérationnelle ? Au-delà de cette interrogation se pose plus largement le problème de la gouvernance opérationnelle des armées camerounaises, notamment celui de l'état réel du moral des soldats engagés sur différents fronts, ainsi que celui du Tableau d'Effectifs et de Dotations (TED) des unités engagées.
Le chef d'État major des Armées est directement interpelé, tout comme la Sécurité Militaire, et le Centre de Renseignement Militaire. De même le sont le chef des Armées, le Ministre chargé de la Défense et son Ministre délégué.
La commission de la défense du parlement ne peut plus garder son silence de mort, alors que la situation sécuritaire dans cette partie de notre pays tourne au cauchemard pour nos populations. Ces populations, jetées sur les chemins, hommes, femmes, enfants et vieillards, avec leurs baluchons et leur bétail, sont en grande détresse. Elles ont un besoin urgent de réaction concrète, rapide et efficace de l'État et des Forces de défense.
Outre le village KOUTOULA, à HILE - ALIFA et DARAK, deux communes du Logone -et- Chari, toujours dans la zone du lac Tchad, restent sous la menace des terroristes de Boko Haram depuis le samedi 23 novembre 2024, les populations, également abandonnées à elles-mêmes dans la précarité, fuient leurs villages en masse.
Devant cette situation sécuritaire alarmante, le silence des nombreuses élites politiques du RDPC, si démonstratives et bruyantes lors des célébrations festives de leur parti politique interroge.
J'exprime ma solidarité et celle des militants et sympathisants du MRC à toutes ces populations dont la vie est détruite, et qui vont augmenter les flots et le nombre de réfugiés dans leur propre pays qui en compte déjà beaucoup. Vous n'êtes pas seules ! Sachez que nous vous portons dans nos cœurs, même si nous ne pouvons pas faire mieux aujourd'hui pour vous venir en aide que ces simples paroles de réconfort.
Fait à Yaoundé le 26 novembre 2024
Maurice KAMTO Président National du MRC