Voyager entre Mora et Kousseri par route, surtout en saison des pluies, est un véritable défi. Tellement le tronçon Mora-Dabanga-Kousseri (MDK) est devenu un véritable chemin de croix pour les usagers. Il faut être patient et oublier toute notion de ponctualité car la route peut transformer un simple trajet de quelques heures en une épopée de plusieurs jours. Bruno Tchague, chauffeur de camion en provenance de Douala, raconte ses mésaventures : «Ça fait plusieurs jours que nous avons quitté Mora. Rien que pour atteindre Dabanga, il nous a fallu quatre jours, et voilà que le cinquième jour est en train de s’écouler. Nous ne faisons que creuser pour nous frayer un chemin». Fatigué et découragé, le camioneur lance un appel désespéré aux autorités pour venir en aide aux chauffeurs qui souffrent en permanence sur cette route. À ses côtés, Annour, un autre chauffeur, est à bout : «je n’ai même pas 5 FCFA dans ma poche. Nos frais de route sont épuisés. Nous sommes obligés d’appeler à gauche et à droite pour obtenir un peu d’argent en attendant. La dernière fois j'avais effectué le même trajet en une semaine, cette fois-ci je ne sais pas quand je peux arriver ?» Ces témoignages sont loin d’être isolés. La route nationale N°1, notamment le tronçon Mora-Dabanga-Kousseri, est devenue une véritable épreuve de nerfs pour tous ceux qui l’empruntent. Les conditions de voyage sont extrêmement difficiles, surtout lors des périodes pluvieuses où la boue et les inondations rendent les routes impraticables. Même les légendaires Peugeot 504, souvent perçues comme les reines des routes difficiles, se voient parfois contraintes de passer la nuit en chemin. Seules quelques-unes parviennent, dans un véritable exploit, à boucler le trajet en une dizaine d’heures. Le 5 septembre 2024, alors que la pluie tombait sur une grande partie de la zone, un véhicule «Orange Money» – surnom des Peugeot 504 – a pris près de 13 heures pour relier Kousseri à Mora, un trajet normalement réalisable en moins de 3 heures. Le véhicule que nous empruntions ce jour fut d’ailleurs le seul à arriver à destination sans passer la nuit sur la route. En raison des mesures de sécurité, la circulation sur ce tronçon est strictement interdite après 16 heures, à partir de Waza. Aux points critiques comme Kabo et Dabanga, chaque usager est mis à contribution pour sortir les véhicules des ornières. Même les personnalités officielles, comme le 2ème adjoint préfectoral du Logone-et-Chari en partance pour Maroua, ou les délégués régionaux de la Jeunesse et son collègue de l'Agriculture, n’ont pas échappé à cette règle. «Tout le monde doit descendre pour pousser le véhicule ou combler les trous», explique un passager. La patience est devenue l'alliée indispensable pour les voyageurs.
Dans le Logone et Chari, la route nationale N°1 n'est pas le seul problème. La situation n’est pas non plus meilleure sur le tronçon Fotokol-Kousseri, long de 105 kilomètres, où il faut parfois plusieurs jours pour atteindre sa destination. Les motos, les vélos, voire les pirogues, sont les moyens de transport les plus utilisés pour contourner l’état catastrophique des routes. Certaines localités ne sont accessibles qu’en pirogue, et le poste douanier de Fotokol, autrefois pourvoyeur de recettes douanières, est fermé jusqu’à fin octobre. Face à ce désespoir généralisé, les jeunes du département, regroupés sous la bannière de la «Nouvelle Génération du Logone-et-Chari», avaient projeté sous la conduite de Mahamat Draman, une journée ville morte le 4 septembre 2024. Leur principale revendication : la suppression des péages routiers situés à Waza et Kousséri sur cette route non bitumée et l’annulation de la décision du ministre des Travaux publics en date du 23 août, interdisant la circulation des véhicules hors gabarit sur le tronçon MDK, indique Mahamat Draman,. En réponse à ces difficultés, apprend-on, des efforts sont en cours pour reconstruire le tronçon Mora-Dabanga- continuent de subir les affres de cette route. Comme l’a si bien résumé Mahamat, un autre chauffeur, «sur cette route, il ne faut pas être pressé, il faut juste prier d’arriver à destination».Kousseri. Le processus de passation de marché pour sa reconstruction est en phase préliminaire. Près de 20 entreprises ont déjà soumissionné, et quatre seront sélectionnées pour exécuter les différentes sections du projet. En attendant, les usagers