La fuite ou "l'exode des cerveaux" désigne la migration vers les pays développés des tra‐ vailleurs qualifiés ou très qualifiés du Sud : ingé‐ nieurs, techniciens, informaticiens, spécialistes de la finance, médecins et professionnels de santé, étudiants…Selon certaines sources, 6 000 ensei‐ gnants, médecins et infirmiers camerounais auraient émigré ces derniers mois, avec pour des‐ tination principale le Canada. Le phénomène est d’autant plus préoccupant que les autorités aéroportuaires ont reçu pour consigne de ne plus lais‐ ser partir les enseignants.
En novembre 2023, 1571 enseignants des lycées du Cameroun, soupçonnés d’avoir immigré au Canada, pour la grande majori‐ té d’entre eux, étaient menacés de radiation de la Fonction publique. « Des informations qui me sont parvenues du terrain font état de ce que certains chefs d’établissement scolaire public, malgré de multiples mises en garde, continuent de couvrir les enseignants en position d’absence irrégulière. L’absence de ces personnels déserteurs dont la plupart est hors du pays, constitue un véritable obstacle dans la couverture des programmes d’en‐ seignement dans nos établissements scolaires et obère les ressources financières de l’Etat », indique le ministre des Enseignements secondaires (Mine‐ sec), Nalova Lyonga, dans son communiqué du 12 septembre 2024.
Malgré cette mise en garde, l’impression qui s’en dégage, selon les observateurs, est que plus on les traque, mieux ces derniers pren‐ nent le chemin de l’étranger. Ce qui pose une fois de plus la problématique de la saignée des travailleurs qualifiés vers l’étranger. Le fait est que de manière générale, l’insertion des diasporas afri‐ caines dans le marché mondial des compétences leur offre des garanties de maintien de leur com‐ pétitivité, en lieu et place de la sclérose qu'elles subissent si elles restent dans leur pays d’origine, en raison des mauvaises conditions de travail et d’un environnement peu propice à l’épanouisse‐ ment professionnel. C’est notamment vrai pour les enseignants‐chercheurs, le personnel de santé et, plus récemment, les métiers dits de pointe, comme l’informatique, les télécoms, la finance ou les biotechnologies.