Actualités of Thursday, 17 November 2016

Source: cameroon-info.net

Le Cornell Center on the Death Penalty Worldwide outille le RACOPEM

Delphine Lourtau, directrice exécutive du Cornell Center on the Death Penalty Worldwide Delphine Lourtau, directrice exécutive du Cornell Center on the Death Penalty Worldwide

Directrice exécutive du Cornell Center on the Death Penalty Worldwide, basé à New York aux États-Unis, elle est venue au Cameroun partager son expérience avec les membres du Réseau des avocats camerounais contre la Peine de mort (RACOPEM).

Pouvez-vous nous parler de la situation de la Peine de mort aux États-Unis ?

La peine de mort continue d’exister aux États-Unis. Dans une majorité des cas, la peine de mort existe toujours dans des textes de loi. Mais elle n’est appliquée que par une minorité d’États et cette application va dans une tendance de diminution. Cette année, nous pensons que le nombre total d’exécutions va être le plus bas, depuis presque 25 ans.

Quelle comparaison pouvez-vous faire par rapport à ce qui se fait au Cameroun ?

L’année dernière il y a eu près de 40 exécutions aux États-Unis. Au Cameroun, je crois qu’on n’a exécuté personne depuis la fin de l’année 1997. Ce que nous comptons apporter au mouvement global de l’abolition au Cameroun c’est la même chose que nous voulons apporter partout. C'est-à-dire, promouvoir des échanges transfrontaliers entre différentes organisations de la société civile, entre parlementaires et autres représentants de l’État qui sont engagés sur la question de l’abolition et qui veulent faire partie de cette mouvance qui reconnait la peine de mort comme une violation des Droits de l’Homme.

Il ne s’agit pas simplement d’une question d’organisation d’un système pénal, mais d’une violation d’un droit fondamental qui appartient à tous les êtres humains et qui est reconnu dans tous les traités internationaux.

Quelle peine pouvez-vous proposer comme alternative à la condamnation à mort ?

La peine d’emprisonnement la plus grave au Cameroun est l’emprisonnement à vie. C’est une peine qui ne permet pas de libération anticipée, c’est une peine très sérieuse, qui empêche la récidive par définition… Après, on peut discuter de la légalité du point de vue des Droits de l’Homme, d’une peine d’emprisonnement à vie, mais toujours est-il qu’il y a des alternatives d’emprisonnement qui sont des peines très sérieuses. Et par ailleurs, toutes les études montrent que l’effet dissuasif de la peine de mort est loin d’être avéré. Beaucoup de personnes ont tenté de démontrer l’effet dissuasif de la peine de mort, mais ils ne l’ont jamais réussi.

Pour le cas spécifique des États-Unis, comment vous organisez-vous dans le cadre de la lutte contre la peine de mort ?

La lutte aux États-Unis se fait au niveau local. Dans les années 1970-1973, la Cour Suprême fédérale a aboli la peine de mort pour des raisons constitutionnelles pour tout le pays, mais différents États ont réagi en révisant leurs textes de loi pour les amener en conformité avec le jugement et en fait, la peine de mort a repris. Aujourd’hui, le combat ne se fait plus d’un point de vue national, mais au niveau des différents États. Et le combat se fait par différents moyens et à différents endroits, mais les campagnes pour éduquer l’opinion publique et leur faire prendre conscience des erreurs judiciaires.

Vous savez, jusqu’à 10% des condamnés à mort aux États-Unis auraient été victimes d’erreurs judiciaires, un chiffre important. Il y a aussi une discrimination raciale et ethnique dans l’application de la Peine de mort. Les populations noires et d’origine d’Amérique latine sont surreprésentées dans les couloirs de la mort. Les conditions de détention violent également les normes internationales sur les conditions de détention dans les prisons. Donc, il y a beaucoup de différents problèmes qui concernent le système judiciaire au total qui s’avère particulièrement grave dans leurs conséquences quand il s’agit de la peine de mort.