En attendant la mise en place du plan de relance de Camair-Co, ce n’est pas la grande forme au sein de la compagnie nationale aérienne du Cameroun. L’Œil du Sahel paru le 19 décembre 2016 fait savoir que les employés sont opposés à la plupart des décisions du nouveau Directeur Général, Ernest Dikoum.
D’abord, la modification de l’organigramme qui date de 2014. «Arrimé sur le plan de relance de la compagnie qui ambitionnait alors une flotte de 14 avions, cet organigramme adopté en octobre 2014 avait été enrichi par la suite des propositions de Boeing consulting. La firme américaine avait, en effet, proposé de transformer certains départements en direction, notamment ceux de la Formation, des Opérations aériennes et de la Sécurité entre autres. Aussitôt nommé à la tête de Camair-Co, Ernest Dikoum va s’atteler à démanteler la structure de l’entreprise pour mieux l’adapter à sa politique managériale», souligne le journal.
Ainsi, poursuit notre confrère, «le département des Projets spéciaux et de la Planification des investissements sera le tout premier à en faire les frais. Le chef de ce département - pourtant nommé par le Conseil d’administration et le chef de service du Leasing, seront purement et simplement mis en complément d’effectif à la direction de la Maintenance. Loin de toutes ces inquiétudes, la direction générale de Camair-Co s’étonne de ce que ce fait anodin suscite un intérêt chez les syndicalistes».
Or, pour les syndicalistes, la suppression de ce département dont le travail consistait à assurer le suivi, la transparence, voire une traçabilité certaine dans la location les aéronefs, les visites techniques des avions, la révision des moteurs et autres projets d’importance, n’est pas anodine.
Une source introduite révèle qu’«un avion de 60 places a récemment été loué par la compagnie à Fly Caminter. En général, le coût de location d’un tel aéronef ne dépasse pas les 1750 dollars par bloc heure. Curieusement, ce petit porteur a été loué à 2900 euros, soit 3250 dollars par bloc heure ! La précédente équipe avait loué aux Turcs de Corendon Airlines, il y a près de six mois, un B737-800 (180 places) à 2500 dollars par bloc heure. Pour nous, il est incompréhensible qu’un avion à hélice de 60 places puisse être loué plus cher qu’un B737-800. Cela peut se justifier, mais le contexte prête à confusion». Des accusations balayées d’un revers de la main par la direction générale.
Autre source de conflit, le projet de location de deux aéronefs par le truchement d’une compagnie américaine, Jet Trading and Leasing. «C’est au cours d’une séance de travail avec les responsables des opérations et de la maintenance qu’Ernest Dikoum a introduit cette société de négoce (Broker) en location d’avion en indiquant ‘‘qu’elle a été choisie par le gouvernement camerounais pour accompagner CAMAIR-CO dans le cadre de renforcement’’de sa flotte».
Immédiatement, les cadres de la direction technique ont émis des réserves. «Les sceptiques avaient alors pris le cas d’un B737-800, vieux de 17 ans et qui avait déjà effectué plus de 60 000 heures de vol pour s’étonner des choix de leur patron. Sur le cas d’un autre avion, le B757, plusieurs employés de CAMAIR-CO affirment aujourd’hui que le plan Boeing consulting suggère plutôt la transformation du B767 (le Dja) en cargo et non l’acquisition d’un vieux «congelé» volant. Pour en rajouter à l’imbroglio, le président du conseil d’administration de CAMAIR-CO, Mefiro Oumarou, a rappelé à son directeur général les procédures en matière de location des aéronefs».