Infos Business of Monday, 31 October 2016
Source: camer.be
Alors que le gouvernement, qui prépare un programme économique triennal, veut maintenir le cap des grands projets et du soutien du secteur privé.
Pour ceux qui doutaient des desseins du Fonds monétaire international (FMI) pour l’économie camerounaise, la réponse a été rappelée mardi 25 octobre à la présentation des perspectives économiques du pays. Pour le FMI, le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) va passer de 5,8% en 2015 à 4,8% en 2016.
L’année prochaine ne sera guère meilleure au regard des prévisions de l’institution de Bretton Woods : 4,2% en 2017. Pour le FMI, peu importe si l’économie camerounaise semble mieux résister que la plupart des économies en zone CEMAC et en Afrique subsaharienne. Et malgré le fait incontestable que les chocs subis par l’économie camerounaise sont exogènes, à l’exemple de la chute de près de 2/3 du prix du baril du pétrole et la guerre imposée par la secte islamiste venue du Nigeria, Boko Haram.
Le FMI ne passe pas par quatre chemins pour dire que des mesures draconiennes s’imposent si le Cameroun souhaite retrouver ses équilibres macroéconomiques et renouer avec une croissance plus forte. Le mot ajustement structurel n’a pas été prononcé par le FMI mais les déclarations de la plupart de ses dirigeants orientent vers cette perspective qui ne réveille pas de bons souvenirs. En effet, la politique d’ajustement structurel prôné par le FMI au Cameroun dès 1988 a fait de nombreuses victimes sociales.
Le FMI parle plutôt d’un ajustement budgétaire rigoureux, un renforcement des mesures de protection sociale et des réformes structurelles pour la compétitivité et la diversification de l’économie. « Tout nouveau report de ces mesures va davantage compromettre les perspectives de croissance », prévient Céline Allard, chef de la division des études régionale au Département Afrique du FMI. En clair, tel que l’ont compris les chefs d’entreprises réunis à l’hôtel Akwa Palace de Douala mercredi 26 octobre, c’est le retour à un programme d’ajustement structurel, qui est ainsi envisagé par le Fonds monétaire international.
En désaccord avec certains des ajustements proposés, le secteur privé plaide pour que soit considéré l’accompagnement des PME, l’appui aux industries, la lutte contre la corruption dans les affaires et la baisse de la pression fiscale ; même s’il est d’accord que le secteur informel puisse mieux payer les impôts. Depuis janvier 2016, le gouvernement camerounais connaît la position de la directrice générale du FMI.
Christine Lagarde avait demandé aux pays d’Afrique centrale, quasiment tous engagés dans de vastes programmes infrastructurels financés sur investissement public et par des ressources d’emprunt d’y surseoir et de se concentrer sur les priorités. Une invite déjà, à cette date, d’un ajustement. Ce conseil s’adressait aussi au Cameroun, qui met actuellement en oeuvre un programme dit de « grandes réalisations ». Si le président Biya a bien écouté son hôte ce jour-là, il ne lui a pas répondu.
En revanche, le ministre de l’Economie, Louis Paul Motaze, a commis une tribune libre en septembre dernier qui rappelle que la ligne du gouvernement est la continuation des investissements massifs dans les infrastructures, qui ont jusqu’ici soutenu la croissance, et l’appui au secteur privé pour qu’il devienne véritablement le moteur de l’économie. La semaine dernière, le ministre de l’Economie a révélé que son « département ministériel est en train de mettre la dernière main sur le programme économique pour les trois prochaines années, qui redit avec plus de vigueur la place du secteur privé dans la stratégie de croissance de notre pays. »
Présent à la conférence de presse organisée au terme de la présentation des perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne, Louis Paul Motaze a préféré écouter le FMI plutôt que lui répondre. Traduction : un retour à l’ajustement n’est pas envisageable, nous avons notre cap qui marche bien, nous allons le suivre.