Tels sont les deux points retenus de la conférence de presse qui s’est tenue ce 24 février 2022 au siège du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) au quartier Odza à Yaoundé.
A la manette, Me Emmanuel Simh, le 3èmevice-président national du Mrc, est vent debout contre le refus permanent du gouvernement d’accéder aux différents appels de cette formation politique à la libération de ses militants « détenus politiques, abusivement et illégalement incarcérés à l’occasion des marches pacifiques du 22 septembre 2020 ». Sur ce premier point de la conférence, il a indiqué que son parti compte « 101 prisonniers politiques dans les geôles infectes du régime mathusalémique de Yaoundé. Ce sont les otages du régime. » Avant de démontrer en quoi ses camarades incarcérés sont des prisonniers politiques, il a fait un inventaire des effectifs qui ont eu à faire face à la justice. On apprend de ce fait qu’en dehors des 101 détenus, 3 ont été condamnés par contumace, 23 ont déjà purgé leurs peines, soit « un total cumulé de 127 suppliciés, victimes de leur engagement politique ». « Nos militants, nous l’affirmons de plus fort, sont d’authentiques prisonniers politiques au sens même de la loi pénale camerounaise », clame tout offensif l’homme politique.
Ses camarades détenus ont été jugés et condamnés, affirme-t-il, les uns devant les tribunaux militaires et d’autres devant les tribunaux civils pour les mêmes chefs d’accusation. Il leur a été reproché l’infraction de révolution « à laquelle on a ajouté pour faire impression, celles de rébellion, attroupement et défaut de carte nationale d’identité ». L’homme de droit a dans la foulée précisé que l’infraction de révolution est prévue et réprimée par l’article 114 du Code pénal camerounais. Cet article punit de l’emprisonnement à vie toute personne qui tente par la violence, soit de modifier les lois constitutionnelles, soit de renverser les personnalités politiques constituées par lesdites lois ou de les mettre dans l’impossibilité d’exercer leurs pouvoirs. Il poursuit en relevant que dans le commentaire officiel de ce code pénal, on note que cet article vise la révolution qui constitue une atteinte à la sûreté intérieure de l’État. Il y est écrit, confie-t-il, noir sur blanc, que c’est une « infraction politique qui peut évidemment cumuler avec d’autres infractions politiques ou avec des infractions de droit commun. Démonstration est donc faite, pour le commun des mortels, qu’à infraction politique, prisonnier politique », conclut-il.
Combat de silence
Après la condamnation des 101 militants à des lourdes peines allant pour certains jusqu’à 7 ans, le 3ème vice-président du Mrc a confié à la presse que cette sentence justifie le silence observé par le parti jusqu’à ce jour. « Mais c’est aussi le silence de douleur. Ne dit-on pas que les grandes douleurs sont muettes ? Cette douleur n’est pas la douleur des condamnés. Je les ai vus en prison, ils n’ont jamais été aussi forts et aussi déterminés, convaincus de la justesse de leur combat politique », a soupiré l’avocat de ces prisonniers. Il ajoute par ailleurs qu’ils ont gardé le silence pour marquer le coup et interpeller le peuple devant la violation permanente de ses droits naturels. « Comment en effet un gouvernement peut-il indéfiniment violer à ce point les droits et libertés de son peuple, contenus dans les lois internes, mais aussi dans les actes ratifiés par lui-même », s’interroge le collaborateur de Maurice Kamto.
Après avoir dressé ce tableau pour les moins reluisants, il annonce que son parti a décidé de rompre le silence. Le Mrc revient donc dans le débat public parce que dit-il, « notre parole est attendue, notre parole est entendue ». Il a pour finir, remercié la discipline de tous les communicateurs du parti qui ont respecté scrupuleusement le mot d’ordre de silence.