Actualités of Saturday, 11 June 2016

Source: cameroon-info.net

Le Pr Shanda Tonme félicite le Ministre Bokam

Pr Shanda Tonme Pr Shanda Tonme

Dans un communiqué publié le 8 juin 2016, le Président de la Commission Indépendante contre la Corruption et la Discrimination (COMICODI), a salué un acte du Secrétaire d’État auprès du Ministre Délégué à la Défense chargé de la gendarmerie, Jean-Baptiste Bokam.

L’occasion pour l’universitaire d’énumérer d’autres faits de corruption vécus sur les axes du pays. «Nous croyons qu’il peut être mis fin à cette cabale qui empoisonne notre pays, à condition de prendre des mesures vraiment fortes. Il est urgent de le faire, de peur que les citoyens n’aient à s’aventurer, par excès de colère, à prendre sur eux la place des pouvoirs publics dans un élan de rectification devenu indispensable», écrit encore Shanda Tonme.

Ci-dessous l’intégralité de la déclaration du président du Comicodi.

La Comicodi félicite le Secrétaire d’État auprès du Ministre Délégué à la défense, chargé de la gendarmerie

Monsieur le Ministre, La Commission Indépendante contre la Corruption et la Discrimination a pris connaissance avec enchantement et soulagement, de l’information parue dans le quotidien Le Jour du 7 juin 2016, relativement à la sanction sévère contre l’Adjudant-chef Simon Nagassou, pour des faits de rançonnement et de corruption avérée. Nous vous en félicitons vivement et partageons le sentiment de libération des populations victimes.

Toutefois, nous tenons à saisir cette occasion, pour éveiller votre attention sur des faits aussi graves.

1- Dans pratiquement toutes les unités, le prétexte, chez nombre de vos collaborateurs c’est que l’usager doit contribuer à préparer leur retraite, en payant tous les services, en donnant des cadeaux forcés. C’est une véritable pandémie. Au moment où un fonctionnaire doit être exemplaire pour finir sa carrière en beauté, il devient étrangement plus corrompu et complètement négatif, n’hésitant pas à entretenir des réseaux de faux et usage de faux.

2- Toutes les plaintes soumises dans certains de vos services donnent dorénavant lieu à une véritable torture pécuniaire pour le plaignant: il faut payer pour obtenir la convocation, pour la descente sur le terrain, pour la rédaction du procès-verbal, pour les crédits de téléphone, pour la signature du supérieur hiérarchique, pour le transfert du dossier au parquet, pour le taxi, etc.. Et si le mis en cause paye une dette, l’enquêteur et le patron ont leur part.

3- En dépit de nos efforts et de vos efforts louables et incessants, le rançonnement sur certains grands axes procède du crime contre la république. Ce sont des postes de péage presque officiels. Ainsi, axe Yaoundé-Bafoussam, juste à 500 m après le pont d’Ebebda, un gendarme se place dès 5h du matin, et seul. Tous les véhicules utilitaires et les cars de transport payent, entre 500 et 1000 FCFA. Le manège est le même. Le chauffeur gare parfois en pleine chaussée et descend rapidement avec son dossier dans lequel se trouve un billet. Le gendarme, en petit roi qui ne se déplace jamais, soutire le billet et le tour est joué. 

Entre Douala et Yaoundé, à 200 m après le pont sur la Dibamba vers Douala: ici, les gendarmes sont en rotation toute la nuit. C’est un véritable supermarché de la corruption à ciel ouvert. Vos agents ne craignant plus rien et se présentent fièrement. Ils discutent même les montants. Nous avons été témoins et sommes témoins tous les jours. Ici, nous avons compté jusqu’à 200 camions entre 2h et 11h de la matinée, pour un butin pas loin du million. Et voilà ce que font des fonctionnaires en route, des pères de famille, des adultes sans honte ni peur. A plusieurs reprises, nous les avons affrontés verbalement et poliment, mais rien ne les embête.

Les victimes approchées plus loin ont le même refrain: que voulez-vous que nous fassions, c’est cela ou alors ils nous retiennent toute la journée; c’est le pays et nous ne pouvons rien; c’est vous là-bas à Yaoundé qui pouvez arranger tout ça. Nous on n’est rien.

Monsieur le Ministre,

Nous croyons qu’il peut être mis fin à cette cabale qui empoisonne notre pays, à condition de prendre des mesures vraiment fortes. Il est urgent de le faire, de peur que les citoyens n’aient à s’aventurer, par excès de colère, à prendre sur eux la place des pouvoirs publics dans un élan de rectification devenu indispensable.

Tout ceci n’exclut en rien, le fait que nous ayons des gendarmes valeureux, ceux qui travaillent bien et qui à l’Est et ailleurs, font honneur au corps en posant des actes glorieux, propres, courageux et admirables.

Félicitations encore, avec nos encouragements citoyens.