Jeune Afrique revient sur un épisode marquant de l’histoire politique camerounaise : le 28 février 1984, l’ancien président Ahmadou Ahidjo était condamné à mort par contumace pour complot contre la sécurité de l’État. Un an et demi après sa démission et la passation de pouvoir à Paul Biya, Ahidjo, alors en exil, est jugé absent lors d’un procès expéditif à Yaoundé. Les accusations portent sur une réunion organisée en juin 1983, où il aurait incité des hommes politiques du nord du Cameroun à boycotter le gouvernement de Biya, selon Jeune Afrique.
Le tribunal militaire reproche à Ahidjo d’avoir cherché à déstabiliser le régime de Paul Biya, risquant d’entraîner le pays dans une guerre civile ou une sécession du nord. Des officiers proches de l’ancien président sont également accusés d’avoir planifié une rébellion armée et même l’assassinat de Biya. Bien que le complot ait échoué, Paul Biya dénonce publiquement ces manœuvres en août 1983, précipitant la chute politique d’Ahidjo.
Condamné à la peine de mort par fusillade, Ahmadou Ahidjo ne retournera jamais au Cameroun. Gracié par Paul Biya, il passe ses dernières années en exil, d’abord en France puis au Sénégal, où il décède en 1989. Sa dépouille repose toujours au cimetière de Yoff à Dakar, malgré les demandes répétées de sa veuve, Germaine Ahidjo, pour un rapatriement au Cameroun.
Cet épisode, rappelé par Jeune Afrique, illustre les tensions politiques qui ont marqué la transition entre Ahidjo et Biya, ainsi que les fractures régionales et personnelles qui ont façonné l’histoire contemporaine du Cameroun. La condamnation d’Ahidjo reste un symbole des luttes de pouvoir qui ont secoué le pays dans les années 1980, laissant une cicatrice durable dans la mémoire collective.