Actualités of Wednesday, 6 May 2015

Source: Journal du Cameroun

Le Premier ministre désavoue le ministre de l’Agriculture

Philémon Yang a annulé deux décisions du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Essimi Menye, désignant des responsables dans son ministère.

L’arrêté (n°037/Cab/PM) signé le 28 avril 2015 par le Premier ministre (PM) a été reçu comme une douche froide au ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader).

Par ce texte, publié dans Cameroon tribune édition du 30 avril, le chef du gouvernement rapporte deux décisions (n°766/Minader/Cab et n°767/Minader/Cab) du ministre Essimi Menye prises le 17 avril 2015 et portant respectivement nomination de trois inspecteurs généraux et de deux directeurs par intérim au Minader.

La douche est d’autant froide que l’arrêté de Philemon Yang intervient alors que les responsables nommés avaient déjà été installés à leur poste une semaine auparavant au cours d’une cérémonie présidée par le secrétaire général du ministère et relayée par les médias.

Pour justifier ce désaveu, le texte du Premier ministre invoque des «vices de forme, de procédure et de compétence». En clair, le PM reproche au Minader d’avoir nommé des inspecteurs généraux alors qu’il n’a pas qualité.

A la Primature, on indique en effet que la nomination des inspecteurs généraux est une prérogative exclusive du président de la République. Ces responsables doivent en plus être nommés par décret et non par décision, renchérit?on encore.

Pour les directeurs, on soutient dans les services du Premier ministre qu’ils sont nommés par arrêté du ministre (lorsqu’il s’agit des sous?directeurs et assimilés ainsi que des directeurs adjoints et assimilés) et par décret du Premier ministre (lorsqu’il s’agit des directeurs d’administration centrale et assimilés).

Ces actes doivent en plus recevoir, affirme?t?on, pour le cas des arrêtés des ministres un visa administratif préalable des services du Premier ministre et pour le cas des décrets du PM un visa administratif préalable de la présidence de la République.

Et au cabinet de Philemon Yang, l’on soutient que «mêmes les nominations à titre intérimaires» doivent se conformer à ces règles de procédure et de compétence. Or Essimi Menye a nommé ses directeurs par intérim non seulement par une décision, ses actes n’ont pas en plus reçu le visa des services du PM.

Affront

Au Minader, un fonctionnaire se demande pourquoi seules les décisions du 17 avril ont été rapportées. L’agent fait d’ailleurs remarquer que le ministre Essimi avait déjà procédé de manière similaire à la nomination en 2013 des directeurs par intérim et en 2014 des inspecteurs de service par intérim. Suffisant pour se convaincre de ce que «ce sont les retraités qui ne veulent pas quitter leur poste qui sont à l’origine de cet acte du Premier ministre».

[i «Je pense particulièrement à Dikongue Matham Njoh Léa, l’inspecteur général chargé du développement agricole. Ce dernier, bien qu’arrivé au bureau depuis 6 heures n’a d’ailleurs pas assisté à la cérémonie d’installation des responsables nommés encore moins reçu son remplaçant» argue le fonctionnaire. Cet agent affirme d’ailleurs que les mêmes auraient torpillé le texte portant organisation et fonctionnement du ministère, bloqué depuis 2011.

Ce texte, croit?il, aurait permis de procéder à un renouvellement complet des responsables et de redynamiser le Minader. Pour des observateurs avertis dans le même ministère, l’affaire est perçue autrement. On y soupçonne plutôt une manipulation du chef du gouvernement par le secrétaire général de ses services, en la personne du ministre Louis Paul Motaze.

Lequel règlerait ses comptes à leur patron. S’il est pour l’instant difficile d’infirmer ou de confirmer ces allégations, une chose est cependant certaine. Les décisions du ministre de l’Agriculture et du Développement rural ont sonné comme un pied de nez au Premier ministre. Car elles surviennent moins de deux mois après la tenue à l’immeuble

Etoile d’un séminaire gouvernemental sur la gestion des ressources humaines présidé par le Premier ministre. A l’occasion, le secrétaire général des services du PM avait fait une communication dans laquelle il rappelait aux ministres les principes applicables aux nominations et appelait à leur mise en œuvre (voir ci?dessous).