Actualités of Wednesday, 11 May 2022

Source: www.bbc.com

Le Qatar : le petit pays qui va devenir encore plus riche grâce à la guerre en Ukraine

Le petit pays qui va devenir encore plus riche grâce à la guerre en Ukraine Le petit pays qui va devenir encore plus riche grâce à la guerre en Ukraine

Avec moins de 3 millions d'habitants, le Qatar est devenu un pays crucial pour l'Europe dans sa quête effrénée de remplacement des importations énergétiques russes.

Avec l'Australie, ce petit pays du Moyen-Orient est le premier exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde et un allié commercial potentiel pour les pays de l'Union européenne, qui couvrent à ce jour près de 40 % de leurs besoins en gaz depuis le marché russe.

Cette dépendance énergétique entre l'Europe et la Russie n'avait pas été un gros problème jusqu'à ce que le Kremlin décide d'envahir l'Ukraine en février, rendant la relation commerciale de plus en plus insoutenable.

L'Europe a déjà commencé à signer des accords à long terme pour augmenter les importations de gaz en provenance d'autres pays, mais ce n'est pas une solution suffisante pour compenser la perte potentielle des importations de gaz russe.

A lire aussi :

  • Dépendante du gaz russe, l’Europe se tourne vers l’Afrique
  • 7 clés pour comprendre le fonctionnement de l'énergie nucléaire et les défis qu'elle doit relever pour remplacer le gaz et le pétrole
  • Comment savoir si les pollueurs respectent leurs engagements en matière de climat ?
Prenons le cas de l'Allemagne, où 55 % du gaz qu'elle consomme provient de Russie.

Le ministre de l'Economie, Robert Habeck, a récemment appelé à des mesures sans précédent pour réduire la dépendance et contrer ce qu'il considère comme un "chantage énergétique du Kremlin".

Il ne suffit pas que l'Allemagne reçoive des navires transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) d'autres latitudes, car elle doit construire les installations pour le traiter, un plan qui pourrait prendre de trois à cinq ans, selon les calculs du gouvernement.

Malgré les difficultés logistiques et compte tenu de l'urgence des circonstances, Habeck a déclaré : "Nous devons essayer l'impraticable".

Et le pays a mis l'accélérateur à fond avec l'approbation des ressources pour obtenir des terminaux GNL flottants, qui ont la capacité de recevoir le produit d'endroits aussi éloignés que les États-Unis ou le Qatar.

C'est ainsi que le Qatar entre en bonne position à la table des négociations après le début de la guerre, juste au moment où il avait déjà réalisé d'importants investissements pour augmenter la production de gaz et les infrastructures.

"Il y a certainement une opportunité pour le Qatar", a déclaré à BBC Mundo Karen Young, chercheuse principale et directrice du programme d'économie et d'énergie du groupe de réflexion du Middle East Institute, à Washington DC.

Plans d'expansion

Le pays prévoyait d'augmenter sa capacité d'exportation d'environ 60 % d'ici 2027 avant le début de la guerre, de sorte que l'opportunité à moyen terme de fournir du GNL à l'Europe "sera une aubaine, à la fois économiquement, si les accords sont conclus aux prix actuels, et politiquement".

En tant que monarchie semi-constitutionnelle avec l'émir à la tête de l'État et le Premier ministre à la tête du gouvernement, le Qatar n'a pas à passer par des processus décisionnels complexes ni à obtenir le soutien politique de différents partis.

Le système politique du pays a été considéré par les organisations occidentales comme un "régime autoritaire", une description que le gouvernement qatari rejette.

Amnesty International a dénoncé des pratiques qu'elle considère comme "l'exploitation et l'abus" des travailleurs migrants.

  • Pourquoi la Banque mondiale prévoit-elle le pire choc des prix depuis 50 ans ?

Les ambitions du Qatar

Le GNL est une forme de gaz réfrigéré dont le prix est plus élevé que celui du gaz naturel, mais qui présente un gros avantage : il est plus facile à transporter. Il peut être chargé sur des navires et ne nécessite pas la construction d'énormes gazoducs avec des investissements à long terme de plusieurs millions.

Avec l'ambition de développer son activité, le Qatar a annoncé en 2019 son intention d'augmenter ses exportations de GNL de 64 % d'ici 2027.

Dans le cadre de ce plan, la société d'État Qatargas a conclu un accord pour étendre la réserve de North Field, un géant offshore qui s'étend dans les eaux iraniennes et l'un des plus grands gisements de gaz naturel au monde.

L'expansion permettrait au pays d'augmenter sa capacité de production de GNL de 77 millions à 110 millions de tonnes d'ici 2025, alors que la demande pour le produit continue d'augmenter.

  • Comment la hausse des prix affecte les différents pays
L'Allemagne n'est pas la seule à être en pourparlers avec le Qatar pour garantir des importations supplémentaires de GNL.

L'urgence d'obtenir de nouvelles sources d'énergie est devenue plus importante ces dernières semaines après que la Russie a coupé l'approvisionnement de la Pologne et de la Bulgarie au milieu de l'offensive de guerre.

Un pays riche qui s'enrichit

Avec plus de richesse par habitant que la Suisse ou les États-Unis, le Qatar semble être sur la bonne voie pour devenir encore plus riche.

A l'heure actuelle, près de 80 % des exportations de GNL du Qatar sont destinées à l'Asie, la Corée du Sud, l'Inde, la Chine et le Japon étant les principaux acheteurs.

Et en volume de marché, la Chine est devenue le plus grand importateur de GNL au monde après avoir signé un accord avec le Qatar pour une période de 15 ans.

Avec la demande croissante des marchés asiatiques et européens, les experts disent que le Qatar a toutes les conditions pour remporter des contrats rentables.

Même si tout ne sera pas immédiat. Le géant d'État Qatar Energy pompe à pleine capacité et la plupart des expéditions sont vendues dans le cadre de contrats pluriannuels que Doha dit qu'il n'annulera pas pour détourner les approvisionnements vers l'Europe.

Pourtant, certaines entreprises comme Morgan Stanley s'attendent à ce que la décision de l'Europe d'importer du gaz d'autres pays entraîne une augmentation de 60 % de la consommation mondiale de GNL d'ici 2030.

Tant que ce scénario continue de prendre forme, l'économie du Qatar devrait croître de plus de 4 % cette année, selon Citigroup.

C'est le plus grand bond depuis 2015.