L’affaire Vanessa Tchatchou est encore gravée dans les mémoires. Cette jeune fille (18 ans à l’époque), dont le bébé avait mystérieusement disparu en août 2011, quelques minutes seulement après son accouchement à l’hôpital Gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé.
Malgré une forte mobilisation de la société civile sur le plan national et international, le nouveau-né n’a jamais été retrouvé.
Cette affaire qui avait fait grand bruit rappelait l’existence de la traite des nouveau-nés au Cameroun.
Un phénomène qui prend de l’ampleur malgré la lutte engagée par les pouvoirs publics. Ce sont en tout cas des révélations contenues dans un récent rapport du Research Center for Peace, Humman Rights And Development (REPERID), une ONG basée à Bamenda.
Au cours d’un atelier de deux jours qui s’est tenu récemment dans le chef-lieu de la Région du Nord-Ouest, Richard Atem Ojong, administrateur de REPERID, a déclaré que «le défi de la traite des êtres humains en particulier des nouveau-nés est un défi mondial. Le long du corridor de la frontière entre le Cameroun et le Nigéria: Bamenda-Mamfe-Ekok Enugu Tronçon de la route qui relie l’Afrique centrale à l’Afrique de l’Ouest semble être une excellente voie pour ce commerce illicite. Le nombre de personnes arrêtées avec de nouveaux bébés entrant au Cameroun en provenance du Nigéria en dit long sur l’importance de cette campagne de coopération et de sensibilisation».
Prenant part aux travaux, le Consul général du Nigéria, Dr Dan Nwarim, a souligné que la traite des personnes est considérée comme la troisième forme de criminalité la plus répandue dans le monde. Ce, après le trafic d'armes et le trafic de stupéfiants. Elle génère un profit estimé à plus de 32 milliards d'euros par année.
«On estime à plus de 2,5 millions le nombre de victimes qui sont annuellement recrutées et exploitées à travers le monde, subissant quotidiennement toutes sortes de violences et de violations des droits humains fondamentaux », souligne LNE.
Bien que les chiffres ne soient pas disponibles, des indicateurs montrent bien que le commerce des nouveau-nés se porte plutôt bien au Cameroun. Le pays étant à la fois, un lieu d’origine, de transit et de destination des flux de traite des personnes.
LNE énumère quelques exemples. «Dans la Région du Sud-Ouest Cameroun par exemple, on peut citer pour illustrer ce phénomène en nette croissance les cas de trois femmes interpellées en provenance du Nigéria avec des bébés respectivement âgés de trois jours, deux et trois semaines. Dans la Région du Nord-Ouest des cas de trafic d’enfants sont également légion. Citons en passant le récent phénomène des filles trafiquées vers le Moyen-Orient. Dans la Région du Sud, on peut parler du cas de ce monsieur interpellé alors qu’il trafiquait vers le Gabon deux enfants âgées, respectivement, de 4 et 9 ans».