Politique of Monday, 6 November 2017

Source: cameroon-info.net

Le Renouveau s’est déployé dans des contextes hostiles - Aboya Endong

Le professeur titulaire de sciences politique, Manasse Aboya Endong, analyse le parcours du Renouvea Le professeur titulaire de sciences politique, Manasse Aboya Endong, analyse le parcours du Renouvea

Alors que l’on célèbre ce 6 novembre 2017, les 35 ans d’accession de Paul Biya à la magistrature suprême, le professeur titulaire de sciences politique, Manasse Aboya Endong, analyse le parcours du Renouveau.

Interrogé par Cameroon Tribune en kiosque ce 6 novembre 2017 sur le sens à donner au Renouveau qui se célèbre alors que dans les régions anglophones l’on assiste à des velléités sécessionnistes, Pr Manasse Aboya Endong fait savoir que le danger a toujours été permanent sous le Renouveau:

«Si on interroge les conditions de conception et d’énonciation du Renouveau en tant que projet de société ou programme politique, affirme-t-il, on se rendra bien compte de l’existence d’une autre réalité. En effet, le Renouveau s’est la plupart du temps déployé dans des contextes hostiles tout au long de l’histoire politique du Cameroun. Le danger a donc toujours été permanent sous le Renouveau. Mais ce qui fascine face aux épreuves, c’est la capacité à grandir, à s’ajuster et à s’enrichir des expériences difficiles qu’il connaît. Sous ce rapport, on ne peut pas sous-estimer les dangers qui peuvent avoir éprouvé le Renouveau. Mais on ne peut non plus les surestimer outre mesure de façon alarmiste, parce qu’en politique, le danger est permanent».

Quant aux manifestations qui ne lâchent pas du leste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, Aboya Endong pense il est légitime de jouir pleinement des libertés démocratiques, à condition que celles-ci n’entravent pas le droit à l’éducation des autres citoyens, surtout quand il s’agit de la formation de la jeunesse.

«On ne peut donc pas être prétendument pour la démocratie, en empêchant la jeunesse de se former, en la forçant de rester à la maison ou en la contraignant à prendre part, malgré elle, à des revendications politiciennes.

La tolérance, c’est-à-dire l’acceptation de la différence, doit guider les actions des uns et des autres dans un contexte comme le nôtre, structuré par le règne de l’État de droit ou convoquant le respect intransigeant de l’ordre public».

Cependant, reconnait-il, le motif de «trouble à l’ordre public» utilisé par l’administration pour interdire la tenue des manifestations publiques est «manifestement surréaliste». Car, «sans le règne de la loi, expression de la majorité populaire, on vit dans la jungle. Or, c’est la loi qui encadre les manifestations publiques au Cameroun (…) l’autorité administrative n’en est que le facilitateur de son application, en tant que garant de l’ordre public».

Or, poursuit-il, «si le droit de manifester est soumis au régime de déclaration préalable, la même loi précise que lorsque l’autorité administrative estime que la manifestation projetée est de nature à troubler gravement l’ordre public, elle peut, le cas échéant soit lui assigner un autre lieu ou un autre itinéraire, ou simplement l’interdire par le biais d’un arrêté qui notifie immédiatement au signataire de la déclaration au domicile élu. Les autorités administratives peuvent donc de ce point de vue être fondées à interdire une manifestation pour préserver l’ordre public».