Ce syndicat classé parmi les radicaux demandent aux enseignants de refuser d’accompagner un gouvernement qui travaille contre leurs intérêts.
Demain, samedi 5 octobre 2024, les enseignants du Cameroun se mêleront à ceux du monde entier, pour célébrer le métier qu’ils ont choisi, à travers des activités qui donnent habituellement les allures de fête foraine. A côté de quelques tables rondes, pas toujours courues, l’on suivra des discours, suivis de défilés en pagne de circonstance et les « seigneurs de la craie » finiront dans des agapes remarquables.
Les sorties frondeuses de quelques syndicalistes seront rapidement classées et les enseignants passeront dès lundi, à autre chose. Le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique ne veut pas de ce cirque. Réuni en session extra ordinaire ce 29 septembre 2024 à Bafoussam, son bureau exécutif national demande aux enseignants de boycotter les activités relatives à la célébration de cette journée.
A l’appui de leur résolution, des récriminations sur la manière dont ils sont traités. « Le statut spécial attendu depuis plus de deux décennies et le Forum national de l’Education prévus pour avril 2024 ne sont plus dans l’agenda du gouvernement, (…) le dialogue inclusif et constructif instruit par le chef de l’Etat le 10 février 2013, le 9 mars 2022 et le 31 décembre 2023 ne s’est jamais tenu ». Jackson Tousse, le secrétaire général, note dans un communiqué que le gouvernement foule au pied les conventions internationales signées et ratifiées, de même que la Constitution du Cameroun. Plus grave, il s’est même « lancé dans une répression sauvage en janvier et février 2024 en suspendant les salaires de certains grévistes alors que ces derniers ne revendiquaient que les droits des enseignants bafoués depuis plusieurs décennies ». L’on apprend alors que le chronogramme de paiement des rappels d’avancements n’est toujours pas respecté, que certains enseignants perçoivent partiellement leurs rappels et certains bénéficiaires potentiels ont été oubliés dans la programmation. Au contraire, « le gouvernement est en train d’alourdir sa dette vis-à-vis des enseignants alors que la vie coûte de plus en plus cher ».
Le ministère des Finances en au rait rajouté une couche, en publiant une liste d’enseignants « bénéficiaires » des ordres de recettes. « Ce dernier a ignoré les enseignants qui ont perçu partiellement leurs rappels. Et pourtant ils sont plus nombreux que ceux qui ont eu le trop perçu. Le Seca exige la publication des critères de calcul des rappels et l’audit de toutes les dettes totales du gouvernement dues aux enseignants ».
Célébrée cette année sous le thème : « Valorisez les voix des enseignants : vers un nouveau contrat social pour l’éducation », la Journée mondiale des enseignants, instituée par l’Unesco pour statuer avec les syndicats sur les problèmes fondamentaux de l’éducation, en sera cette année à sa 31ème édition.
Depuis quelques années, le gouvernement décerne à des enseignants qui en font la de mande, des « palmes académiques ». La première cuvée des commandeurs sera déco rée demain. « Le Seca demande aux bénéficiaires des palmes académiques, fruit des revendications syndicales, de se retirer immédiatement après leurs décorations ».