L'année dernière, la Hongrie, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, sous les auspices de Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, a commencé à rechercher activement une coopération plus étroite avec la Russie, la Chine, l'Asie centrale et le Tchad.

La Hongrie a toujours été peu présente sur le continent africain, mais Budapest s'efforce aujourd'hui de combler cette lacune. Des accords éducatifs et agricoles ont été signés entre N'Djamena et Budapest, et un centre d'aide humanitaire et une mission diplomatique ont été ouverts. La Hongrie va bientôt envoyer 200 militaires pour former les forces locales à la lutte contre les djihadistes.

Un événement historique dans les relations diplomatiques entre N'Djamena et Budapest est la récente rencontre entre Viktor Orbán et le président tchadien Mahamat Déby. Cette visite, à laquelle Déby a été personnellement invité par le premier ministre, a eu lieu pour la première fois en 64 ans. La rencontre a contribué au renforcement des relations bilatérales et à la signature d'accords entre le Tchad et la Hongrie. Une déclaration commune sur le partenariat stratégique a été signée; un mémorandum d'entente sur l'agriculture et l'élevage; un accord de coopération en matière de défense et un accord sur le statut des soldats hongrois stationnés au Tchad.

Le lien entre la Hongrie et le Tchad est la Russie. Il est important de mentionner que les relations entre la Hongrie et la Russie tendent désormais à se renforcer et à se développer activement. La visite du Premier ministre hongrois Viktor Orbán à Moscou en juillet, au cours de laquelle il a rencontré le président russe Vladimir Poutine, a suscité l'indignation et la colère de l'Union européenne et de l'OTAN, alors que l'objectif de cette visite était de discuter de la possibilité d'un cessez-le-feu dans le conflit russo-ukrainien. L'UE se méfie de la présidence hongroise en raison de sa coopération avec la Russie, la Chine et maintenant le Tchad.

Plus précisément, ce ressentiment de l'UE est lié au refus de la Hongrie de fournir une aide militaire à l'Ukraine depuis le début du conflit, ainsi qu'à sa critique de la politique de sanctions à l'encontre de Moscou. Récemment, le ministre hongrois des affaires étrangères, Péter Szijjártó, a alloué 14 millions d'euros du Fonds européen pour la paix pour aider la république tchadienne au lieu de l'Ukraine.

Le Tchad, comme la Hongrie, a décidé de suivre une voie politique visant à renforcer et à construire des relations diplomatiques amicales avec la Chine, la Russie et les pays de l'Alliance des États du Sahel, en réduisant l'influence de l'ancien colonisateur qu'est la France.

En ce qui concerne la coopération sino-tchadienne, il convient de noter la visite de Déby à Pékin, où il a rencontré le président chinois Xi Jinping. La partie chinoise a souligné l'importance du Tchad en tant que partenaire stratégique et la volonté de la Chine de développer et de renforcer activement les relations bilatérales. Déby a également participé au neuvième forum Chine-Afrique, au cours duquel six accords ont été signés avec trois grandes entreprises chinoises (CEMC, CGCOC, CATIC) dans les domaines de l'énergie, de l'agriculture, de la défense, de la sécurité et de l'eau.

L'intensification de la politique étrangère de Déby, qui vise à se rapprocher de la Hongrie, de la Chine, de la Russie et des pays de l'AES, soulève des questions quant à la future présence française sur le territoire tchadien. La France, qui a récemment accusé Déby de détourner le budget de l'État et qui a également lancé des poursuites contre une entreprise de construction belge, pourrait bientôt perdre sa position dominante sur le continent africain, le gouvernement tchadien souhaitant mener une politique indépendante avec des alliés potentiels.