Actualités of Friday, 6 January 2017

Source: jeuneafrique.com

Le WWF accusé de complicité d’abus contre des Pygmées

Un camp de Pygmées dans la région d'Epulu, au Congo, le 21 mars 2010. Un camp de Pygmées dans la région d'Epulu, au Congo, le 21 mars 2010.

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) est accusé de financer des activités violant les droits de l'Homme au sein des populations Pygmées au Cameroun, dans une plainte déposée par l'ONG britannique Survival auprès de l'OCDE.

Connue pour sa défense des droits des indigènes, l’ONG britannique Survival International accuse le WWF de financer des équipes de lutte contre le braconnage responsables « de nombreux exemples de violents abus et de harcèlement » visant la communauté Baka, (Pygmées).

Selon Survival, les Baka et d’autres tribus du Bassin du Congo, dans le sud-est du Cameroun, ont rapporté « des abus systématiques commis par ces équipes, dont des arrestations, des passages à tabac, des tortures, et même des morts depuis plus de 20 ans ».

Fait inédit, c’est la première fois qu’un membre de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), en l’occurrence la Suisse, accepte d’examiner une plainte visant une organisation à but non lucratif.

Des témoignages effroyables

Parmi les témoignages rapportés dans l’acte d’accusation contre WWF, certains sont saisissants d’effroi. Des certificats médicaux attestent également de la gravité des blessures commises.

« Au moment où m’a femme était torturée dehors (…), j’ai pris ma machette pour sortir la venger (…) Deux personnes m’ont étranglé. Comme j’essayais de me défendre, ce sont des coups de machette qui m’envahissaient. Je me retrouvais dans un bain de sang », indique l’une des victimes.

Une autre personne témoigne du calvaire enduré par sa famille : « Des coups de machette nous ont été distribuées et des blessures graves causées sur ma femme et moi. Fatigués par la torture, ma femme, mise nue devant nos enfants et moi, fûmes transportés et enfermés dans leur cellule sans soin. »

La réponse du WWF

De son côté, le WWF assure « prendre très au sérieux toute allégation de violations des droits de l’homme ». Dans un communiqué, le Fonds, qui lutte pour la protection de l’environnement et des animaux, dit « regretter » que Survival n’ait pas accepté « notre offre de travailler ensemble sur le terrain pour s’attaquer au contexte social et politique complexe auquel font face les Baka au Cameroun ».

Le WWF rappelle que depuis plus de 20 ans, il se bat pour « obtenir l’amélioration de la reconnaissance et des droits en faveur de la communauté Baka ». Il a « demandé au ministère camerounais des Forêts et de la Faune d’améliorer les mécanismes (…) de résolution des incidents concernant d’éventuels conflits ou abus ». L’organisation écologique ajoute qu’elle a « encouragé et facilité » le recrutement de gardes forestiers Baka tout en organisant « une formation aux droits de l’Homme » pour les autres gardes.

« La longue histoire de la présence du WWF au Cameroun est basée sur la conviction que la protection (de la nature) ne peut être efficace que si elle a un impact positif sur les peuples indigènes et des communautés locales et leur soutien », a affirmé dans le communiqué Frederick Kwame Kumah, Directeur du bureau régional du WWF en Afrique.

Le directeur de Survival, Stephen Corry, estime pour sa part que si le WWF ne peut pas s’assurer que ses projets au Cameroun « respectent les standards de l’ONU et de l’OCDE, il devrait tout simplement ne plus les financer ».