Infos Business of Monday, 2 May 2016

Source: 237online.com

Le Zoua- Zoua se vend toujours bien

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Le marquage des produits pétroliers et la baisse du prix du litre de carburant à la pompe n’ont pas suffi, pour faire reculer la commercialisation des produits pétroliers frelatés dans la capitale économique.

La vente aux détails du « Zoua-Zoua » (produits pétroliers frelatés) dans la rue, est en plein essor malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre la fraude dans ce secteur d’activité (marquage, baisse du prix du carburant à la pompe).

L’activité attire les jeunes et est un réel tremplin financier. Au camp Tchadien à Bepanda, dans l’arrondissement de Douala 5ème, près d’une dizaine de vendeurs de produits pétroliers, occupent les bordures de la route.

Assis à l’ombre des parasols, devant des présentoirs où sont exposés des carburants (essences: super, gasoil, pétrole domestique), ils exercent leur activité au vue et au su de tous. A première vue, l’activité semble légale.

Mais quand on se rapproche, on constate que c’est avec la peur au ventre que ces jeunes travaillent.

Ici, la presse n’est pas la bienvenue : on ne lui parle pas! Alors, pour avoir des informations, il faut avancer masqué.

Rempli dans des bouteilles en plastiques d’1,5 L (eau minérale), le super (liquide inflammable) est exposé sous le soleil et vendu à 800 FCFA au lieu de 945 à la pompe.

A notre arrivée sur les lieux, nous avons surpris une livraison.
Enow vient d’être ravitaillé.

Son fournisseur encore sur place, est un jeune homme d’une trentaine d’années.
Le revendeur vient d’acheter deux bidons de 40 litres de super à raison de 19 000 FCFA, l’un.

Le commerce du carburant illicite se porte bien. Si bien qu’Ernest l’exerce depuis 05 ans et s’en frotte les mains.

« Cette activité marche bien. Je fais des recettes journalières atteignant parfois les 5 à 10 millions de FCFA par jour », déclare-t-il.

Le fournisseur admet ravitailler plusieurs points de vente dissimulés dans la ville, pour parvenir aux chiffres sus évoqués.

Ernest réfute l’appellation « carburant frelaté ».

Selon lui, les produits qu’ils livrent sont les mêmes (au plan qualitatif) que ceux vendus en station-service.

«Mes produits proviennent de la Sonara (Société nationale de raffinerie), ce n’est pas du carburant frelaté. Je ne les mélange à aucun autre produit.

Mes produits sont identiques à ceux des stations-service », déclare-t-il, avec fermeté.

Les produits pétroliers du jeune fournisseur ne sont pas marqués. Pourtant, le carburant à la sortie des dépôts pétroliers doit être tracé avant sa mise en circulation.

Alors comment s’approvisionne Enow ?

Pour apporter une esquisse de réponse à cette question, le jeune homme affiche un sourire narquois : « Il faut avoir des amis bien introduis à la Sonara. J’appartiens à un réseau ».

Pour prouver sa bonne foi, il va comparer deux bouteilles de carburant.

« Ce super vient du Tchad », souligne-t-il, montrant une bouteille dont la couleur du contenu est plus foncée. « Il sent mauvais.

Alors que celui de la Sonara est plus clair et pollue moins », assure-t-il. Pendant notre passage dans ces lieux, les mototaxis n’ont pas cessé d’en « consommer » à la grande satisfaction d’Enow, vendeur:« les mototaxis constituent nos plus grands clients.

Pour 1,5 L de super acheté à 800 FCFA ici, ils font une économie 145 FFCA». Enow vend du carburant frelaté depuis 04 mois.

Et cette activité, il l’exerce pour pouvoir se payer des études supérieures à l’étranger.

Et au regard de la satisfaction qui se lit sur son visage, il est en bonne voie.

« Je vends plus de 50 000 FCFA/jour, dès que j’ai la somme qu’il me faut (08 millions), j’arrête », promet-il. Ernest aussi, utilise cette activité comme un tremplin.

Conscient de son illégalité, il espère décrocher comme l’a fait son grand-frère et son père avant lui.