C’est d’une haute et intelligible voix que le barreau de Paris s’est engagé ce matin dans la lutte pour la réhabilitation de M. Thierry Michel Atangana, ce célèbre financier français d’origine camerounaise qui a été détenu illégalement pendant 17 ans au Cameroun par le régime de l’insubmersible président, Paul Biya.
À l’instar des Nations Unies qui -les premiers- avaient clairement dit que « la détention de Thierry Michel Atangana était illégale, basée sur du faux », et exigé sa libération et son indemnisation, c’est au tour de Me Pierre Olivier SUR – la plus haute et la plus belle voix du barreaux- de crier à l’injustice.
« L’affaire Atangana constitue le record du monde de la détention arbitraire et la libération de M. Atangana est le succès du refus de l’homme de se laisser abattre par l’injustice« , a-t-il déclaré d’un ton martial. « Quand on pense à ce que vous avez vécu, quand on pense à la peine qui est la votre, monsieur, on a honte. Et c’est pour lutter contre toutes ces injustices que j’ai choisi d’être avocat, d’être bâtonnier. Merci cher Atangana d’avoir tenu».
Défenseur de nombreuses sommités africaines, Me Pierre Olivier SUR a défendu une multitude de gros dossiers sur le continent. Et c’est avec amertume qu’il a rappelé le cas emblematique de l’ex-opposant Alpha Condé détenu dans des conditions dégradantes par feu le général Lassana Konté, l’homme fort de la Guinée.
Son expérience de l’Afrique et de la Guinée, Me Pierre Olivier SUR l’a partagé avec l’un des plus illustres fils du Sénégal, le professeur Albert Bourgi. En sa qualité de modérateur de cette conférence et témoin de nombreux cas de détentions sur le continent africain, M. Bourgi a déclaré que le cas Atangana est l’illustration du combat acharné que peut mener les avocats pour obtenir un résultat probant. Et ne peut être gagné que si les juristes, les avocats et les opinions publiques s’organisent. C’est à ce stade que la bataille contre la détention arbitraire peut être gagné.
Le continent regorge de nombreux cas Atangana et « c’est à ces braves juges, de la trempe de Malick Sow, des bâtonniers courageux qu’il revient la tache de refuser l’arbitraire. » A-t-il soutenu.
Pour ce natif de Dakar qui dit ne se sentir chez soi qu’en Afrique, « savoir que c’est sur (son) continent que ces choses se passent, (lui) fait mal. » Mais, il ne désespère pas que les jeunes, comme la presse qui commence à se libérer sur le continent, prennent leur responsabilité. Parce qu’ils sont les premiers interpellés et les meilleures garanties face à ces dictateurs qui s’accrochent au pouvoir en faisant fi de toutes les règles de bienséance.
Prenant la parole, en sa qualité Conseil de Thierry Michel Atangana, Me Abdoulaye Tine qui s’est intéressé au cas Atangana bien avant d’être désigné comme avocat de l’homme, a soutenu que « les échos qu’il avait du cas Atangana -à travers la presse- est révoltant et est une cause qui doit révolter toutes les âmes« .
Faisant l’historique de l’affaire Atangana, il a rappelé que « c’est en financier, recruté en France pour construire mille kilometres de route au Cameroun, que Thierry Atangana s’est retrouvé au Cameroun. Mais très vite la politique va se mêler au destin de l’homme« , suite à la volonté de M. Titus Edzoa de se présenter à l’élection présidentielle de 1997.
Considéré comme un proche de Titus Edzoa -qui était l’ami et le médecin personnel de Paul Biya-, Thierry Atangana est interpellé et les policiers qui voulaient qu’il enfonce Titus Edzoa – dans le cadre de la procédure de détournement de fonds publics intentée contre le Secrétaire général de la présidence- lui font un marché. Chargr Edzoa et recouvrer la liberté.
Refusant de jouer le jeu des conspirateurs du palais, Michel Atangana est interpellé le 12 mai 1997 et gardé à vue au SED de Yaoundé, une brigade de gendarmerie.« Mais, Atangana va y battre le record du monde de la garde à vue puisqu’il va y passer 17 ans, sans jamais être mis en prison« . Les rares fois qu’il a vu le soleil, c’est lorsqu’il devait aller voir le juge, puisque sa cellule est dans un sous-sol et n’est aéré que par un tuyau. Il sera libéré en février 2014, gracié par Paul Biya au même moment ou l’avis du groupe de travail des Nations Unies rendait sa décision.
Recordman mondial de la garde à vue, Thierry Michel Atangana l’est aussi pour le non respect de ses droits à la protection consulaire. Parce que la France qui est son pays et dont il détient la seule nationalité -puisque la Constitution camerounaise ne reconnait pas la double nationalité aux hommes- ne lui a jamais rendu la moindre visite pendant 14 ans. Et le quai d’Orsay avait tout fait tout pour ne jamais s’intéresser à lui, appliquant à la lettre une volonté politique non écrite.
Jacques Chirac comme Nicolas Sarkozy -amis de Bolloré pour qui travaillait pourtant Thierry- avaient continué de faire des affaires avec le Cameroun pendant que leur compatriote croupissait dans une cellule humide est mal aérée. C’est François Hollande qui va, à son arrivé au pouvoir en 2012, exiger la libération de Thierry Michel Atangana. « Aussi longtemps que son cas ne serait pas traité avec humanisme« , François Hollande a refusé de visiter le Cameroun préférant aller au Congo, au Sénégal, au Mali…
Avant le barreau, c’est la fondation Robert Kennedy qui s’est engagée au coté du recordman mondial de la détention arbitraire. Et aujourd’hui, par la voix de M. Franck William Delarue, ils ont fait comprendre que le cas Michel Thierry Atangana doit interpeller la communauté internationale. Parce que Michel a su survivre malgré le fait que la communauté international lui ait tourné le dos que nous devons tous être sensibles à son sort.
Révolté par le malheur de Atangana, M. William Delarue s’est, au nom de la fondation Robert Kennedy, engagé à accompagner M. Atangana dans sa réhabilitation. Et à combattre la détention arbitraire partout dans le monde.
Pour lui, la responsabilité de la France, « patrie des Droits de l’homme » est engagée. Et c’est le monde entier qui doit demander des comptes à la France qui a manqué d’apporter son soutien à un de ses concitoyens alors que les conventions internationales l’y obligent.
Aussi, ayant été la première personnalité internationale a avoir été rendre visite à Atangana pendant sa détention et ayant vu les conditions terribles dans lesquelles il vivait, le magistrat sénégalais, Malick Sow, pense que des hommes ont comploté pour tuer Thierry Michel Atangana. Comme il l’avait recommandé lorsqu’il était président du groupe de travail de l’Onu contre la détention arbitraire, le juge sénégalais pense que cet acte ne doit pas rester impuni.
« Après la libération de Atangana, il reste l’ouverture d’une enquête et la sanction des personnes impliquées dans la privation de liberté de Thierry. Il faut identifier tous ceux qui ont participé pendant plus d’une décennies -en instrumentalisant les institutions judiciaires, politiques et administratives- dans le projet de destruction de l’homme et de ses entreprises » a-t-il conseillé.
Aussi, il pense que « puissue c’est une affreuse entreprise qui a été mise en place pour détruire un homme. il faut que les responsables -Etat camerounais et français- l’indemnise de tous les préjudices qu’il a subis. Et cela ne doit pas tarder. »
Dans l’exécution du complot contre Thierry Michel Atangana de nombreuses entreprises personnelles de l’homme comme des multinationales avaient été spoliées et des Camerounais avaient mis la mains sur ses biens, priant qu’il ne soit jamais libéré. Cet état de fait avait découragé de nombreuses entreprises à investir au pays de Paul Biya. « Parce que, ce que le Cameroun a fait, a estimé Malick Sow, n’est rien d’autre qu’un braquage étatique».