Le passage de Paul Tassong Njukang, ministre délégué auprès du ministère de l’Économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), a soulevé un pan de voile sur la gangrène du conflit dans les deux régions.
On retient de l’exposé de Paul Tassong que globalement, la crise dans les deux régions a induit une perte au niveau national de 0,8 point de croissance du Pib en 2019 et 0,3 point en 2020. Ces pertes de points de croissance correspondent à une perte en termes réelles cumulée sur le Pib, au niveau national, de 421,3 milliards entre 2017 et 2020.
Au niveau des Finances publiques, la crise a impacté négativement les recettes fiscales de l’État dans les deux régions. En 2016, les recettes fiscales et douanières hors Sonara, montaient à 24 milliards et tombaient à près de 14 milliards en 2019, soit une perte de 41,6%.
En ce qui concerne les dépenses publiques, un nombre important de projets n’ont pas pu être exécutés au cours de la période 2017-2019 pour un montant total de 16,4 milliards, malgré l’augmentation des dotations budgétaires au cours de ladite période.
Ainsi, les taux d’exécution du Bip, base ordonnancement dans les deux régions, sont restées faibles avec une moyenne estimée à 64,43% et 68,2%, respectivement entre 2017 et 2019 avant de connaître une hausse significative en 2020.
S’agissant du commerce extérieur , les échanges avec le Nigeria sont passés de 15,6 milliards en 2016 à 2,9 milliards en 2919. Soit une baisse de 81%. Cette baisse s’observe aussi bien pour les exportations (-68,9%) que les importations (-85%).
Une production sinistrée
Dans les deux régions les biens produits ont connu une chute drastique. En ce qui concerne par exemple le Cacao, le Sud- Ouest, le plus important bassin de production au Cameroun, a connu une chute de sa part au niveau national en fin de la campagne 2019-2020 à 29% alors qu’elle représentait 41% de la production nationale en 2015-2016, soit une baisse de 12%.
En ce qui concerne le riz Paddy, on constate une baisse de 14,5% entre 2017 et 2019 même si en 2020, il y a une augmentation de 10%. En ce qui concerne l’huile de palme, la chute est totale. La production est passée de 37.400 tonnes en 2016 à près de 4.300 tonnes en 2019, soit une baisse de 90%.
On constate par ailleurs une embelli en 2020 avec une augmentation de 131% de la production qui atteint 9900 tonnes. La production de la banane est aussi sinistrée.
On est passé de 125.019 tonnes en 2016 pour chuter à 16.887 tonnes en 2019. En 2020, la production atteint 21.132 tonnes.
Pour ce qui concerne les industries, on note dans les deux régions une baisse de la consommation de l’énergie (moyenne ten- sion), de 19,5%, 6% et 25% respectivement en 2017, 2018 et 2019. Cependant la reprise de l’activité en 2020 s’est traduite par une augmentation de 7% de la consommation de ce type d’énergie.
Même le secteur du tourisme est catastrophé. Par exemple le taux de fréquentation des chambres d’hôtel dans les deux régions est révélateur. On est passé 57% de fréquentation en 2016 à 13% en 2020 dans le Sud-Ouest; par contre dans le Nord-Ouest, la chute libre passe de 48% en 2017 à 1,3% en 2020.
Ces chiffres illustrent à suffisance la perte du cinquième du budget de l’État à cause du conflit anglophone.