Apres l'annonce mercredi 30 août par les militaires de l’annulation des résultats des élections et la fin du régime d’Ali Bongo, plusieurs centaines de gabonais sont sortis dans les rues de Libreville pour exprimer leur joie et apporter leur soutien aux putschistes.
Dans un communiqué lu à la télévision publique, les militaires ont déclaré avoir "annulé" les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats "tronqués".
Les militaires réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), ont en outre annoncé " la dissolution de toutes les institutions du pays et la fermeture des frontières du Gabon "jusqu'à nouvel ordre".
Liesse populaire à Libreville...
Peu après la lecture de la déclaration des militaires, plusieurs dizaines de personnes, drapées aux couleurs nationales, le bleu, le jaune et le vert, ont accueilli favorablement le coup d’Etat.Certains Gabonais saluent la fin d'une dynastie et parlent de libération.
" C’est le 30 août, ce n’est plus le 17 août, là c’est l’indépendance, on a libéré le pays, nous sommes libres, nous avons le droit d’être libre et de nous exprimer comme on veut. Parce que nous ne savions pas qu’on pouvait être libéré ".
" A tous ceux qui sont à l’extérieur, rentrez notre pays est libre, vive la liberté du Gabon, " scandent d’autres manifestants.
Renversé par les militaires, Ali Bongo qui briguait un troisième mandat à la tête du pays, avait été annoncé vainqueur avec 64,27% des voix.
Il dirigeait le Gabon depuis 14 ans, après avoir succédé à son père, Omar Bongo au pouvoir de 1967 jusqu'à sa mort en juin 2009.
"Vraiment on était abattu concernant la situation de notre pays, on en a marre du PDG (Parti Démocratique Gabonais). Depuis des décennies, depuis l’époque de Bongo père le PDG a toujours été là ", déclare ce manifestant.
...et à Dakar
A plusieurs milliers de kilomètres de Libreville, la diaspora gabonaise garde aussi un œil attentif sur les évènements qui s’y déroulent.Au Sénégal, les ressortissants gabonais se sont réunis mercredi devant l’ambassade du Gabon à Dakar avant d'être dispersés par les forces de l’ordre à coup de gaz lacrymogènes.
Même si beaucoup ne s’attendaient pas à ce coup d'Etat, la plupart d’entre eux se réjouissent de la tournure des évènements.
"Je vous assure que ce que les gabonais voulaient, c’était juste que le système Bongo-PDG quitte le pouvoir parce que 60 ans c’est trop, et il fallait une intervention parce que le Gabon est jusqu’à ce jour une prison à ciel ouvert, depuis samedi on n’avait plus de nouvelles de nos parents et je pense que ce hold-up électoral, qui était prévu et a été freiné par l’armée, pour moi est salutaire. Maintenant on verra l’avancée des choses, mais on préfère célébrer aujourd’hui la fin d’un système ".
Pour ce Gabonais vivant à Dakar, leur présence devant l'ambassade a un sens.
" Nous sommes venus montrer notre soutien aux forces de sécurité , devant l’ambassade, leur montrer que nous sommes avec eux, nous les gabonais résidant au Sénégal, nous soutenons ce coup d’Etat parce que nous sommes fatigués d’un régime dictatorial depuis 60 ans, et comme le disait le professeur Ondo Ossa, 60 ans c’est trop ", poursuit-il.
Des propos qui font écho aux scènes de liesse partagées sur les réseaux sociaux, suite à l'annonce du coup d'État.
Entre espoir et prudence
La transition sera dirigée par le général Brice Oligui Nguema, chef de la garde républicaine.Porté en triomphe par des centaines de militaires, il est le nouvel homme fort du pays, et prêtera serment en tant que "président de transition" lundi 4 septembre devant la Cour constitutionnelle.
" C’est le premier coup d’Etat que nous connaissons, pour moi en tout cas et les gens de ma génération, on voit que les populations sont derrière mais il reste à voir pour la situation on ne peut pas dire qu’on est complètement d’accord vu que le général Oligui qui est à la tête de la transition, est un homme qui est là avec le régime en place depuis plusieurs années, donc on ne sait pas si c’est juste une façade ou s’il est venu pour changer les choses. Donc on est un peu mitigé, on attend de voir " explique cet autre ressortissant gabonais.