L’évêque de Yagoua, Mgr Barthélemy Yaouda, s’est une nouvelle fois exprimé avec véhémence sur la situation sociopolitique du Cameroun, fustigeant la mauvaise gouvernance et la marginalisation des enfants originaires de l’Extrême-Nord. Le 1er janvier 2025, lors d’une homélie marquée par une prise de parole directe et sans concession, l’homme de Dieu a réitéré son appel à un changement à la tête de l’État, soulignant l’urgence d’une alternance.
« Nous avons déjà trop souffert. Le pire ne viendra pas. Même si le Diable devait prendre le pouvoir, qu’il le fasse d’abord, et on verra après », avait-il lancé.
Cette déclaration, perçue comme un cri de désespoir face aux souffrances vécues par une partie de la population, a suscité une polémique nationale. Face à la controverse, une nouvelle vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre Mgr Yaouda tentant de clarifier ses propos.
« Je n’invoque pas le diable. Tout prêtre chasse le diable. Avec la prière, avec l’eau bénite, on chasse le diable », a-t-il expliqué, précisant que sa métaphore visait à dénoncer l’incapacité des gouvernants à répondre aux besoins urgents du peuple, et non à appeler au chaos.
Dans cette même vidéo, Mgr Yaouda a particulièrement pointé du doigt la situation des jeunes originaires de l’Extrême-Nord, une région historiquement marginalisée, selon lui. « Où est l’amour ? Où sont les écoles dans les campagnes ? Nos enfants souffrent, ils sont limités alors que les enfants des autres sont en Amérique, au Canada, en Europe… » a-t-il déploré, faisant écho aux préoccupations de nombreux jeunes diplômés de la région qui, faute d’opportunités, se retrouvent bloqués à Douala ou Yaoundé, contraints d’occuper des emplois précaires comme gardiens de nuit ou conducteurs de moto-taxis.
L'évêque a également critiqué l’utilisation des populations du Nord comme simple « bétail électoral », manipulées et sollicitées uniquement pendant les campagnes électorales sans réelle considération pour leurs conditions de vie après les élections. « On nous demande nos voix, mais actuellement, dans ce bétail électoral du Nord, il y a des panthères, des loups… », a-t-il ironisé.