Selon une enquête menée par le Magazine panafricain Jeune Afrique, l'opposant camerounais Calibri Calibro, de son vrai nom Abdoulaye Thiam, se trouve dans une situation paradoxale en France. Réfugié politique et "fiché S", il illustre les tensions entre le droit d'asile et les intérêts diplomatiques français.

Jeune Afrique révèle que l'activisme de Calibri Calibro contre le régime de Paul Biya est à l'origine de son fichage. L'enquête détaille plusieurs actions marquantes, notamment l'assaut de l'ambassade du Cameroun à Paris en 2019 et l'interpellation du président Macron au Salon de l'agriculture en 2020. Ces actes, considérés comme radicaux par les autorités françaises, ont attiré l'attention de la DGSI.

D'après les informations recueillies par Jeune Afrique, la DGSI a fourni une "note blanche" à l'Ofpra, soulignant les risques potentiels que représenterait l'octroi du statut de réfugié à Calibri Calibro pour les intérêts diplomatiques de la France. Le magazine rapporte que la DGSI craignait même un projet de financement d'une guérilla au Cameroun.

Cependant, l'enquête de Jeune Afrique met en lumière la décision de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) d'accorder finalement le statut de réfugié à Calibri Calibro, estimant que sa présence en France ne constituait pas une menace pour la sûreté nationale. Malgré cela, le magazine souligne que l'activiste reste sous surveillance étroite.

Jeune Afrique rapporte les difficultés administratives rencontrées par Calibri Calibro, notamment dans sa demande de reconnaissance de nationalité française par filiation. L'opposant y voit une forme de "pression politico-judiciaire", possiblement liée à son fichage.

L'enquête de Jeune Afrique met en évidence le dilemme des autorités françaises face à Calibri Calibro : protéger un opposant politique tout en préservant ses relations diplomatiques avec le Cameroun. Cette situation illustre les défis complexes de la gestion des activistes politiques en exil dans un contexte de relations internationales sensibles.