Plus de 30 ans de vie au pouvoir, le très secret président camerounais est une idole pour certains. Décrié pour son népotisme, sa dictature bien entretenue, il a séduit par ses manies un Africain qui lui ressemble sur différents points goutte par goutte. Ce fils spirituel de Paul Biya est un Togolais de 50 ans. Leur similitude dans la gestion du pouvoir est impressionnante.
Comme Biya, le fils spirituel est aussi imprévisible et seul maitre à bord de son navire. Toutes les décisions lui reviennent. Les remaniements ministériels et les nominations sont faits au gré et à la bonne humeur du fils du timonier.
Son fils spirituel qui n’est autre que le président togolais Faure Gnassingbé (12 ans au pouvoir) adopte lui aussi les mêmes stratégies. Celui qui a dit « Mon père c’est mon père, moi c’est moi » a finalement trouvé son modèle après s’être propulsé devant la scène politique en 2005 à la surprise générale. Ils nomment et démettent sans explications.
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Paul Biya et Faure Gnassingbé frappent durement là où on les attend le moins. Ils sont discrets, très mystérieux, mais agissent puissamment dans l’ombre grâce à leur pouvoir discrétionnaire. Personne n’ose les défier, de peur de se faire « guillotiner ». L’entourage des deux présidents l’avoue, « si tu oses défier son excellence, attends-toi aux conséquences ».
Paul Biya et Faure Gnassingbé sont très paradoxaux ; l’un voit en l’autre son image et l’autre, son parrain et modèle. Voici en 8 points, les traits qui ne trompent pas.
1. Loin du palais présidentiel, mais près de vous les fidèles sujets
C’est presque leur litanie. La personnalité des deux présidents est difficile à cerner, ils entretiennent le doute, des rumeurs à leurs propos. Ils brillent tous deux par leur absence dans leur palais présidentiel respectif.
Tout comme la presse camerounaise, la presse togolaise se pose aussi souvent la question « Où se cache le président de la République qui disparait des mois de la scène politique ? » Ils ne réapparaissent que lors des audiences accordées aux diplomates internationaux ou des rares fois lors des cérémonies officielles.
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Leurs images sont très contrôlées presque des marques de fabrique. Si Paul Biya s’est entiché de la Suisse (le pays le plus heureux du monde selon une étude onusienne) jusqu’à négliger son palais d’Etoundi, Faure Gnassingbé lui, préfère à son palais de la Marina l’Italie (le pays du romantisme pour un président de 50 ans qui vit dans le célibat).
2. Un attrait sans mesure pour la musique classique
Pau Biya est un fan de la musique classique, le genre que n’écoutent guère la majorité des Camerounais. Une attirance qui particularise davantage la solitude du président. Il est différent des siens. Ceci l’éloigne des mondanités où les Camerounais préfèrent des rythmes plus sensuels.
Son filleul spirituel aussi est un amateur de la musique classique. Une vidéo du président togolais, Faure Gnassingbé dans la loge officielle de la Scala de Milan a fait le tour des réseaux sociaux en décembre 2013. Le président, invité aux côtés du président italien de l’époque Giorgio Napolitano et de l’ancien patron de la commission européenne José Manuel Barroso, ne cache pas son goût pour la musique classique. Le président togolais est en smoking avec un air juvénile, ce qui lui a valu le titre de « Berlusconi togolais ».
3. La rareté de la parole du président à la presse nationale
Voilà un autre point qui lie les deux hommes. Ils parlent peu, se muent dans un silence inouï. En 33 ans de règne au pouvoir, Paul Biya n’a jamais rencontré la presse nationale. Aucun contact avec les Hommes de médias. Mais il est paradoxalement à l’aise avec la presse étrangère.
Une similitude également constatée chez l’homologue togolais Faure Gnassingbé qui est dans sa douzième année de règne à la tête de l’État togolais après la mort de son feu père Gnassingbé Eyadéma en 2005. Il fuit lui aussi la presse nationale comme une peste, mais accorde des heures d’interviews aux médias internationaux. Leurs entretiens avec les médias se comptent au bout des doigts.
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Les deux présidents préfèrent être loin de la presse nationale qu’ils jugent dure envers eux, mais ils ne sont pas pour autant à l’aise devant les micros et caméras des médias internationaux. Ils créent souvent des polémiques à chaque propos spontané, lié la plupart du temps à leur longévité au pouvoir.
Faure Gnassingbé lors d’un entretien avec Jeune Afrique en 2015 a laissé entendre : « “Il faut être honnête, la fonction (de Chef de l’État, Ndlr) isole et, dans ces moments-là, on est un homme seul. » Son plus grand défaut est « l’absence de communication », mais « je me soigne, rassurez-vous », a-t-il répliqué.
4. La maladie de la longévité au pouvoir
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Les deux sont atteints. Paul Biya cumule plus de 30 ans au pouvoir. Son cas est devenu très chronique. À 84 ans, il est encore un potentiel candidat à l’échéance présidentielle de 2018. Entre lui et le Cameroun, c’est une histoire d’amour à distance, mais visiblement très forte. Un « Je t’aime, moi non plus », qui fatigue peu à peu les Camerounais.
Son fils spirituel, qui dans son troisième mandat est lui aussi décrié dans son pays le Togo. Le fils « prodigue » avec son fameux aveu, « Papa nous a dit avant sa mort de ne jamais laisser tomber le pouvoir », entend bien le conserver. Il néglige les réformes constitutionnelles et la limitation du mandat présidentiel. Sa stratégie s’appuie sur le dilatoire. Paul Biya et son « fils » sont prêts à tous pour préserver le pouvoir.
5. Ennemis du pouvoir à la geôle
« Ne critique pas Paul Biya, tu risques un assassinat », dixit Gervais Mboumba, militant des droits de l’homme. Tous ceux qui se dressent contre le numéro 1 camerounais l’apprennent à leurs dépens. L’ex-ministre d’État Marafa Hamidou Yaya paye cher aujourd’hui d’avoir conseillé à Paul Biya de laisser le pouvoir.
« J’ai conseillé au Président Biya de ne pas se représenter. Conseil dont je paie aujourd’hui le prix fort. », a-t-il affirmé récemment en prison. Son incarcération qui est intervenue en 2012.
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L’ex-ministre des Finances, Essimi Menye à qui on prête l’intention de vouloir détrôner Paul Biya, fait l’objet de mandat d’arrêt international. Sa poursuite rallonge la liste des personnes accusées de détournement de fonds public par la justice camerounaise dont Jean-Marcel Dayas Moumoune, l’ancien ministre de l’Agriculture qui a réussi à échapper à la justice.
Dieudonné Zang l’ancien ministre des Travaux publics et Député à l’Assemblée nationale n’a pas eu cette chance. « Il a quitté le pays en catimini le 12 juillet 2009 pour l’Amérique du Nord. Deux jours plus tard, son dossier a été présenté au bureau de l’Assemblée nationale aux fins de levée de son immunité parlementaire.
C’est en juillet 2015 qu’il a été condamné à la prison à vie pour le détournement de plus de 5 milliards de FCFA. » Le directeur de la CRTV Amadou Vamoulké a aussi été écroué à la prison centrale de Yaoundé, au quartier Kodengui. La liste est légion.
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C’est le même procédé au Togo de Faure Gnassingbé. Quelqu’un qui aurait des prétentions de président ne s’approche pas du palais présidentiel. Les conséquences de ces ambitions sont atroces. Son demi-frère, Kpatcha Gnassingbé a été arrêté sur des soupçons de complot visant à renverser son frère Faure Gnassingbé en avril 2009.
En septembre 2011, vingt ans de prison ont été requis contre Kpatcha Gnassingbé, accusé d’avoir fomenté le coup d’État en avril 2009. Son ex-bras droit, Pascal Bodjona, ancien ministre de l’Administration territoriale, a lui aussi été arrêté une première fois en 2012, libéré, puis arrêté à la veille des élections de 2015.
Au Togo, les opposants sont appelés tôt ou tard à devenir soit amis du pouvoir ou ennemis du pouvoir et être bien gardés au chaud.
6. Adeptes de la Rose croix et de la Franc-maçonnerie
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Paul Biya fait partie de la Rose croix, mais son fils spirituel a rejoint récemment la loge franc-maçonnique.
Le journal français « Le Point » dans son édition du 9 janvier 1999 écrit que « Raymond Bernard, (ancien grand maitre à vie de la Rose-Croix décédé en 2006, Ndlr) a été fait commandeur de l’Ordre de la Valeur par le président camerounais, Paul Biya. Le président camerounais aurait été initié au sein de la GLNF. Mais personne n’a jamais croisé ce rosicrucien (membre de l’ordre de la Rose-Croix) dans une réunion franc-maçonnique.
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Faure Gnassingbé, après de longs moments d’hésitation a dit oui. Le journal panafricain, Jeune Afrique fait savoir que les rites initiatiques à la Loge se sont déroulé lors des Rencontres humanistes et fraternelles d’Afrique francophone et de Madagascar (Rehfram) 2015 à Lomé. Les deux présidents différents sur ce point, se rendent très souvent chez le pape et se disent aussi catholiques pratiquants.
7. Vatican, leur terre de prédilection
Fils d’un catéchiste, Paul Biya était un ancien séminariste destiné à la prêtrise. Cette affinité avec l’Église catholique, il l’a gardé malgré son appartenance à la Rose Croix. Ce qui n’empêche pas l’ancien séminariste de se rendre régulièrement au Vatican. Deux des trois derniers papes ont effectué le voyage jusqu’au Cameroun, qu’ils considèrent comme une terre d’avenir pour l’Église catholique.
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Faure Gnassingbé, lui est né dans une famille majoritairement protestante, mais il a choisi la religion de sa mère, le catholicisme. Même si, par souci de ménager les susceptibilités des autres confessions religieuses du pays, Faure Gnassingbé ne professe pas publiquement sa foi, les habitués du palais le décrivent comme un fervent catholique.
Il se rend très souvent au Vatican pour des visites au pape accompagné toujours de sa mère, Sena Sabine Mensah.
8 Le Cameroun et le Togo, pays organisateurs de la sécurité maritime
En juin 2013, le Cameroun de Paul Biya avait organisé le premier sommet sur la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, devenue l’une des régions du monde les plus affectées par la piraterie.
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Trois ans plus tard, le Togo de Faure Gnassingbé lui emboite le pas et abrite à son tour un autre sommet sur la sécurité maritime sous l’égide de l’Union africaine avec comme objectif de parvenir à l’adoption d’une charte contraignante. En marge des préparatifs de ce sommet de 2016, Paul Biya et Faure Gnassingbé se sont rencontrés à New York.
Il faut noter que seul le statut matrimonial n’est pas le même chez les deux présidents. Paul Biya est officiellement marié à Chantal Biya, après le décès de son ex-épouse Jeanne-Irène BIYA décédé le 29 juillet 1992.
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Par contre quant à Faure Gnassingbé, personne ne sait exactement si le président togolais est en couple. Officiellement, il est connu célibataire. Sa biographie est muette sur la question de sa progéniture. Les médias lui attribuent néanmoins de nombreuses aventures sans preuve.