Au Cameroun, 72,24% des sociétés créées depuis 2010 sont inexistantes dans le fichier publié en mai 2016 par la direction générale des impôts (DGI), selon les résultats du dispositif de suivi de la mortalité des petites et moyennes entreprises (PME) publiés mercredi par le Centre d’analyse et de recherche sur la politique économique et sociale (CAMERCAP-PARC).
#LaForteMortalité Cela signifie que de telles entreprises, n’étant pas connues de l’administration fiscale, n’ont pas d’existence légale, ne vivent plus et que plus de 7 sur 10 de celles créées de 2010 à 2015 n’ont pas survécu jusqu’en mai 2016.
Suivant le sexe du promoteur, le taux de survie des PME est de 22,09% chez les femmes et 29,58% chez les hommes, les premières citées étant considérées comme plus «fragiles» et moins résilientes.
La forte mortalité des entreprises s’explique aussi par quelques facteurs liés à l’environnement des affaires, parmi lesquels l’absence d’assistance, la frilosité des établissements de financement, l’indisponibilité des facteurs essentiels et le mauvais encadrement des jeunes entrepreneurs.
«Les données disponibles n’ont pas permis de calculer l’espérance de vie des nouvelles entités créées, peut-on lire dans le document. Nous ne pouvons pas dire si l’entreprise créée en 2011 qui n’existe pas en 2016, est morte en 2012 ou en 2015.»
En poussant son analyse, ce cabinet observe une cumulation forte de la forme juridique des entreprises et de l’activité pratiquée dans le domaine de la «prestation de services», mettant ce phénomène en rapport avec des réalités locales démontrant que ce type d’activité «présente un lien incestueux avec la commande publique, elle même très liée avec ‘’le gestionnaire de crédit’’».
Cette pratique laisse ainsi croire que ces entreprises, souvent suscitées par lesdits responsables, sont créées à la circonstance ou à l’occasion, sans véritable vocation d’entrepreunariat et donc de durabilité puisque mises en place par opportunisme et gérées en sous main par des proches non préparés.
CAMERCAP-PARC note donc l’émergence d’une génération spontanée d’opérateurs économiques et hommes d’affaires inondant les bureaux administratifs à la recherche de marchés publics.
Par secteur d’activité, le taux de survie des PME place en tête la transformation (66,43%), l’agriculture et l’élevage (46,84%), le commerce (31,64%), l’assistance, le conseil et l’assistance (28,16%), le bâtiment et les travaux publics (25,86%), la prestation de services (23,74%) et autres (28,71%).
La mortalité «infantile» semble inhérente à certains secteurs, principalement la branche prestations de services qui concentre environ 46% des créations d’entreprises au cours de la période 2010-2015.