Le non-paiement par l’Etat camerounais d’une garantie souveraine au promoteur est à l’origine du blocage. Cinq ans et toujours rien. Pas une brique, pas d’engins de construction visibles. Rien qui indique que 2500 logements doivent sortir de terre sur le site de Ntoun dans le département de la Mefou-et-Akono, région du Centre. Juste de la broussaille à perte de vue.
Flou identique à Douala, où est prévue la construction de 2500 logements. Le site devant accueillir ces bâtisses n’a par ailleurs pas encore été identifié. Un mémorandum d’entente a pourtant été signé depuis 2012 entre le ministère de l’Habitat et du développement urbain (Minhdu) et l’entreprise Armance central achat (Amca) pour la construction de 5000 logements sociaux collectifs dans les villes de Douala et Yaoundé.
Il a été suivi par la signature du contrat proprement dit le 17 septembre 2013 entre les deux entités, dans le cadre d’un partenariat public-privé. Le projet qui inclut également la construction d’infrastructures d’approche et d’équipements collectifs sociaux (écoles, hôpitaux, commerces, lieux de cultes, équipements sportifs et de loisirs, etc.) est évalué à plus de 82,797 milliards Fcfa.
D’après les termes du contrat, c’est Amca, le promoteur, qui doit apporter tous les financements. Pour cela, il dispose d’un partenaire financier basé à Londres, Universal Export MB. Le partenaire technique quant à lui est une entreprise italienne du nom de Ferrario Grandi Opere.
Les travaux prévus pour durer trois ans devaient en principe débuter quatre mois après la signature du contrat entre le partenaire privé et le gouvernement, représenté par le Minhdu. L’exploitation et la maintenance par Amca devait ensuite s’étendre sur une période de 12 à 15 ans. Cette entreprise partagerait aussi la commercialisation desdits logements avec l’Etat du Cameroun.
Seulement, l’un des points du contrat stipule que le démarrage des travaux est précédé de la délivrance par l’Etat camerounais au promoteur, d’une garantie souveraine représentant 20% du montant global d’investissement, soit la somme de plus de 20,693 milliards Fcfa. Cette garantie représente le coût des travaux des études techniques d’aménagement des sites et de construction des équipements publics qui sont à la charge de l’Etat.
A plusieurs reprises, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) de l’époque, Emmanuel Nganou Djoumessi, a écrit au Ministre des Finances (Minfi) Alamine Ousmane Mey, pour lui demander son avis sur le déblocage des fonds en question.
La demande sera réitérée par le Minhdu. Mais le Minfi va refuser de mettre à disposition les fonds souhaités. Argument, les dispositions du titre II, chapitre onzième de la loi des finances pour l’exercice 2013, stipule que le Gouvernement ne peut accorder des garanties qu’aux établissements publics et à des sociétés d’économie mixte.
Se basant sur l’une des recommandations d’une réunion interministérielle tenue le 20 décembre 2013 en rapport avec les logements sociaux, le Premier ministre va lui aussi indiquer au Minepat que la garantie souveraine de l’Etat sollicitée ne peut être octroyée. Dès lors, plusieurs concertations infructueuses vont s’en suivre. Amca, convaincue d’être dans son droit, continue de demander au gouvernement camerounais d’honorer ses engagements.