Une réunion ministérielle conduite par le directeur de cabinet du Premier ministre, Paul Ghogomou Mingo, a eu lieu jeudi à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun où une grève des enseignants paralyse les écoles depuis fin novembre, en dépit de multiples appels à l'apaisement.
C'est une énième rencontre pour tenter de faire entendre raison au syndicat d'enseignants qui a lancé un mot d'ordre de grève depuis le 21 novembre, entraînant la fermeture des écoles du Nord-Ouest qui se poursuit alors que le deuxième trimestre de l'année scolaire 2016-2017 a débuté lundi sur l'ensemble du territoire camerounais après deux semaines de congé liées aux fêtes de fin d'année.
Entamé au lendemain d'une manifestation d'avocats à Bamenda, ce mouvement qui touche aussi le Sud-Ouest vise selon ses initiateurs à exprimer un sentiment de marginalisation des enseignants originaires de ces deux régions anglophones dans le système éducatif national à dominante francophone.
Le 8 décembre, cette grève avait dégénéré en violences meurtrières dans cette ville où un groupe de manifestants avait érigé des barricades dans les rues et incendié des bâtiments publics parmi lesquels un pavillon de l'hôpital public et les locaux d'un commissariat de sécurité publique, pour empêcher la tenue d'une réunion du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).
Après avoir adopté une ligne dure dans un premier temps, le gouvernement camerounais, surpris par l'évolution de la situation, a dû se résoudre à engager des négociations avec le syndicat d'enseignants grévistes pour tenter de faire baisser la tension.
Lors de ses assises ouvertes jeudi, le comité ad hoc créé par le gouvernement pour négocier avec le syndicat d'enseignants et trouver une solution à la crise, devra relever le défi de faire preuve de souplesse face aux revendications de ses interlocuteurs qui se résume par une meilleure intégration des enseignants anglophones par des recrutements massifs dans le système éducatif.
Avant cette réunion cruciale et très attendue de la part des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où une grande partie de parents inquiets non rassurés par le climat sécuritaire tendu ont choisi de garder leurs enfants à la maison au lieu de les envoyer à l'école, les autorités ont remis en liberté mardi une vingtaine de jeunes arrêtés à la suite des émeutes survenues en décembre.
Prennent part à ces assises, les ministres de l'Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo, des Enseignements secondaires Ernest Massema Ngallé Bibehe et de l'Education de base, Mme Youssouf Alim Adidja et d'autres personnalités désignées pour siéger au sein d'un comité ad hoc.