À sept mois de la présidentielle camerounaise, un appel inédit de la société civile du septentrion suscite des remous dans le paysage politique national. Selon une analyse de Jeune Afrique publiée ce 20 mars 2025, un groupe de seize personnalités issues des régions de l'Extrême-Nord, du Nord et de l'Adamaoua a lancé un vibrant "Appel des partisans du changement du Grand Nord pour un sursaut républicain en vue de la présidentielle de 2025".
Ce document, qui fait l'objet d'une attention médiatique croissante, dénonce la marginalisation persistante des trois régions septentrionales et appelle explicitement à "tourner la page de 43 ans du renouveau", une référence directe au régime de Paul Biya.
À la différence des précédentes prises de position émanant du Grand Nord, celle-ci se démarque par la composition de ses signataires. Comme le souligne Franck Foute dans Jeune Afrique, "l'appel porte essentiellement la griffe de membres de la société civile" et non des caciques politiques traditionnels ou des dignitaires du régime. Parmi les signataires figurent notamment Paul Samangassou, consultant international en management, Martine Sawada Rives, agro-économiste, et Me Abdoulaye Harissou, ancien président de la chambre des notaires du Cameroun.
"Plus jamais le Grand Nord ne servira de 'bétail électoral' !", a déclaré Abdouraman Babba Hamadou, ancien secrétaire général de la Fecafoot et l'un des signataires les plus en vue du document.
Cette fronde survient dans un contexte électoral particulièrement sensible. Les trois régions septentrionales, qui représentent près d'un tiers du corps électoral camerounais, constituent traditionnellement un bastion du RDPC au pouvoir. Un revirement de cette partie du pays pourrait significativement impacter l'issue du scrutin présidentiel d'octobre 2025.
Face à cette menace, le pouvoir a rapidement réagi. Selon Jeune Afrique, Cavaye Yeguie Djibril, président de l'Assemblée nationale et figure politique dominante du septentrion, a convoqué une réunion d'urgence avec les représentants du RDPC des trois régions concernées pour réaffirmer leur soutien au président Biya.