Actualités of Thursday, 16 May 2024

Source: Haman Mana

Le jour où Haman Mana est devenu l’ennemi du régime Biya

Tous les suppliciés ne sont pas allés docilement vers leur destin. Tous les suppliciés ne sont pas allés docilement vers leur destin.

Tous les suppliciés ne sont pas allés docilement vers leur destin. Il y en a qui se sont débattus et ont fait preuve de personnalité et de résistance, avant d’aller au cachot. Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République et ancien ministre de l’Administration territoriale, en est.

Il a choisi un moyen de résistance original, les lettres ouvertes aux Camerounais. Je ne l’ai jamais vraiment rencontré. Sauf peut-être dans les cocktails diplomatiques [...] Je sais également que c’est lui qui a choisi Le Jour entre autres médias pour porter sa voix et son combat à ce moment.

Et « Les lettres de Marafa » sont, dans la description, mais aussi dans la résistance au système Biya, un moment important. Par la force de proposition et le corpus de révélations qu’il y a dans ces missives, (une dizaine au total, au moment où nous écrivons les présentes lignes), on en sait un peu plus sur le système opaque qui est à la tête du Cameroun depuis une quarantaine d’années, où la délation la plus abjecte et l’information utile au développement du pays semblent avoir aux yeux du «chef», exactement la même valeur.

Dans mes prises de position pour cet homme et d’autres suppliciés du système, non seulement j’ai pris le parti de donner la parole à tous ceux qui voulaient la prendre, mais, j’ai également donné de la voix, comme dans l’éditorial intitulé «Du pain, pas du sang»... J’attaque, bille en tête : « Paul Biya n’est jamais allé aussi loin dans la célébration punitive de ses anciens collaborateurs.
Dans l’histoire politique des Etats modernes, il n’y a que le stalinisme qui a fait pire dans la mise en disgrâce et la purge de ses anciens dignitaires...», avant de conclure, avec le présage mauvais : « Les mauvais films du cinéma de Hong-Kong de notre jeunesse nous montraient bien qu’après la chute des phalanges, puis du bras droit de la triade,
finissait tout de même par tomber, celui que nous appelions le «chef bandit ».

La comparaison avec le stalinisme et l’allégorie du chef bandit ne passent pas en « haut lieu».
Je suis convoqué au palais présidentiel dès le lendemain et j’y suis reçu courtoisement par un con-frère et aîné à l’école de journalisme y occupant de hautes fonctions, lequel « amicalement et en tant que grand frère me met en garde contre la violence d’une telle sortie». Dans une atmosphère un peu électrique, je lui demande si je devrais désormais faire relire mes éditoriaux par les gens du Palais.

Fin de l’audience. Je sais qu’à partir de ce moment, je serai classé, non plus « journaliste un peu frondeur» (ce qui donne droit à de la méfiance seulement ) mais comme «journaliste ennemi» ( ce qui donne droit à une stratégie de représailles claire)....”