Dans ce petit restaurant dakarois, les menus sont composés exclusivement de produits à base de mil. Des beignets, du lakh, du ngalakh, du fondé, du thiéré, les plats au menu dans ce restaurant font partie du patrimoine culinaire sénégalais.
Pour son promoteur, Ibrahima Fall, jeune entrepreneur, l’idée derrière ce concept est de promouvoir les produits locaux. Un choix dicté par une volonté de proposer aux consommateurs une alimentation saine et de qualité.
«Grain de Mil, c'est un nouveau concept de restaurant qui est né à partir d’un constat que j’ai fait, au Sénégal quasiment tous les restaurants proposent les mêmes plats, hamburger, pizza, fast food, que des menus à base de produits occidentaux importés et pas toujours bons pour la santé. C’est à partir de là que je me suis dit pourquoi pas innover en faisant quelque chose de différent avec des produits 100% locaux », raconte Ibrahima Fall, Fondateur et CEO de “Grain de Mil”.
Diplômé en gestion des entreprises et un master en marketing en poche, Ibrahima Fall s’est lancé dans l’entrepreneuriat en 2013 mais c’est en 2020 qu’il a ouvert le restaurant Grain de Mil.
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Et pour y parvenir, il a choisi comme ingrédient principal de ses recettes, une variété de céréales très présente en Afrique et qui occupe une place centrale dans l’alimentation quotidienne des sénégalais : le mil.
« Le mil est un produit naturel et local. C’est une céréale très riche en nutriments et en protéines végétales. Elle contient des vitamines B, du calcium, du fer, du magnésium, du zinc…et il faut dire que les plats à base de mil conviennent pour une alimentation sans gluten contrairement au blé », explique M. Fall.
Avec le riz, le pain à base de farine de blé est devenu un aliment incontournable dans l’alimentation d’une grande partie des sénégalais. Deux céréales importées qui pèsent lourd sur la balance commerciale du pays.
En effet, le Sénégal importe chaque année environ 600.000 tonnes de blé, selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie.
Ibrahima a comme ambition de lutter contre cette dépendance céréalière.
« Avec ses valeurs nutritionnelles, le mil peut parfaitement remplacer le blé ou le riz dans l’alimentation des sénégalais », suggère le chef d’entreprise.
« Les céréales locales c’est beaucoup d’avantages en termes d’opportunités et de revenus pour les producteurs agricoles et pour les jeunes à la recherche d’emplois. Je pense que pour inverser cette tendance d’importation du blé et d’autres produits, le développement de la transformation et de la distribution des céréales locales est indispensable », ajoute-t-il.
Dans un pays de forte consommation de riz et de produits dérivés du blé, les céréales locales restent néanmoins très prisées par les populations.
Depuis son ouverture, le restaurant ne désemplit pas, les commandes et les livraisons s’enchainent, de quoi ravir son fondateur.
« Les gens ont favorablement accueilli ce concept de recettes à base de mil parce que les produits proposés sont 100% locaux, sains et de qualité », se réjouit M.Fall.
« L’avantage d’une céréale comme le mil, c’est qu’on peut la consommer à tous les moments de la journée, et c’est un aliment adapté à tout type de personne, aussi bien les personnes âgées que les enfants, mais aussi les diabétiques, les personnes obèses, les femmes enceintes et les sportifs. C’est un aliment complet et accessible », explique le jeune chef d’entreprise.
Afin de répondre à la forte demande des consommateurs urbains en produits transformés à base de mil , l’entrepreneur s’est mu en producteur pour mieux maitriser la chaine d’approvisionnement de son restaurant.
« Au début, j’achetais de grosses quantités de mil au marché, mais avec les aléas liés à la disponibilité de la matière première et des variations de prix, nous avons décidé de cultiver nous-mêmes le mil dans notre propre champ. Chaque saison nous produisons à peu près une tonne de mil et cela nous permet de disposer d’un bon stock pour faire tourner le restaurant », poursuit Ibrahima Fall.
La production annuelle de mil du Sénégal est estimée autour de 900 000 à 1 000 000 de tonnes, selon les données de la Direction de l’analyse, de la prévision et des statistiques agricoles au Sénégal.
Le succès aidant, Ibrahima se fixe comme objectif de développer son concept restaurant dans les prochaines années, en ouvrant de nouvelles boutiques dans la capitale sénégalaise, et en introduisant d’autres céréales comme le niébé, le fonio ou le maïs.
Le jeune entrepreneur veut s’imposer à moyen et long terme comme le leader en matière de transformation et de valorisation des céréales locales.
Un rêve porté par un appétit croissant des consommateurs urbains pour les produits locaux.