Actualités of Tuesday, 31 October 2023

Source: L'Œil du Sahel n°1865 du 30 octobre 2023

Le ministère de la Justice et les forces de l'ordre lancent une grosse chasse aux bandits

Criminalité faunique Criminalité faunique

Une coalition entre le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof), le ministère de la Justice (Minjustice) et les Forces de maintien de l’ordre (FMO) s’est formée avec pour ennemis communs, les braconniers. En effet, ces trois instances ont pris part à un atelier organisé du 26 au 28 octobre 2023 à l’École de faune de Garoua (EFG).

L’atelier de formation et de partage méthodologique entre le Minfof, le Minjustice et les autres FMO s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la criminalité faunique. Ceci dans le but de corriger les insuffisances relevées et d’améliorer l’efficacité de la répression des actes qualifiés de crimes fauniques. L’objectif de façon générale, est de renforcer la répression de la criminalité faunique et le suivi des contentieux fauniques dans les unités techniques opérationnelles de Bouba Ndjidda, notamment le Faro et la Bénoué.

Plus spécifiquement, il s’agit de renforcer et sensibiliser les premiers intervenants à la gestion des indices et des scènes de crime, d’améliorer les connaissances théoriques et pratiques sur la rédaction des procès-verbaux dans les affaires de criminalité liées aux espèces sauvages. Il était aussi question de discuter de la politique pénale du Cameroun et de remobiliser le rôle de la police judiciaire dans la procédure pénale en matière de criminalité environnementale, d’étudier l’éventail du dispositif juridique et institutionnel en place pour y faire face et de proposer des stratégies d’enquête permettant d’identifier et de remonter les filières et réseaux criminels.

« Cet atelier vise à mettre le Minfof, le Minjustice et les FMO sur la même ligne afin qu’ils aient la même vision, la même méthodologie d’approche et à bien comprendre cette problématique qui est assez sérieuse dans la région du Nord à cause des potentialités dont elle regorge. Il est donc important que tous ces acteurs se retrouvent et discutent ensemble, partagent leurs expériences pour que la lutte anti-braconnage soit efficace et puisse produire des résultats », déclare Dr Adam Saleh, délégué régional des forêts et de la faune du Nord.

Certes, un travail costaud est abattu sur le terrain, mais les engagements des parties prenantes et les actions de répression des faits qualifiés de crimes fauniques et environnementaux ont généralement un impact faible. Ceci entraîne une situation d’impunité vis-à-vis des délinquants de la faune.

À cet effet, les thématiques abordées lors de cette formation de trois jours étaient axées sur la gestion de la scène de crime, comment mener une enquête, établir la portée d’une scène de crime, l’analyse des textes juridiques liés à la lutte contre la criminalité faunique et l’harmonisation de la qualification des infractions, l’harmonisation de la méthode du calcul des dommages et intérêts et validation d’une approche commune pour la transmission des conclusions de chasse aux tribunaux.

La criminalité faunique est un problème crucial dans la région du Nord particulièrement. Cela s’explique par la diversité biologique assez importante qui s’y trouve. En effet, le Nord compte des aires protégées qui couvrent environ 46 % de la superficie de la région ; soit 30 692 km2, trois parcs nationaux (à savoir le parc national de la Bénoué (PNB), le parc national de Bouba Ndjidda (PNBN) et le parc du Faro (PNF) ainsi que 34 Zones d’intérêt cynégétique (Zic).

Tous ces atouts aguichent les personnes de mauvaise foi qui font pression en pratiquant le braconnage, l’envahissement des aires protégées par des éleveurs transhumants, l’orpaillage clandestin, l’agriculture itinérante sur brûlis et bien d’autres. Cet atelier a été organisé par le Minfof Nord avec l’appui technique et financier de la Wildlife Conservation Society (WCS).

Présente au Cameroun depuis 1988, cette ONG travaille avec le gouvernement notamment dans la mise en œuvre des activités qui visent la conservation, la stabilité et le développement durable dans et autour du paysage incluant les parcs nationaux de la Bénoué et de Bouba Ndjidda. Le programme vise également à sécuriser et protéger la faune au sein des aires protégées des parcs nationaux et de leurs zones périphériques qui comprennent les Zic.