L’hélicoptère, à bord duquel le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense (Mindef) devait rallier Garoua-Boulaï, aurait été saboté jeudi dernier. Une enquête serait ouverte.
Selon des indiscrétions parvenues à votre bihebdo, le pire a été évité in extremis. Jeudi dernier à Yokadouma, Joseph Béti Assomo termine sa séance de travail avec les responsables militaires du département de la Boumba-et-Ngoko et envisage de rallier par vol, Garoua-Boulaï. Cette ville constitue la troisième et dernière étape de la tournée du Mindef à l’Est, commencée le 29 octobre (voir La Météo du 29/10) et l’épilogue d’une visite de travail entamée le 26 du même mois par la région de l’Extrême-Nord.
Arrivé à Yokadouma jeudi dernier, en provenance de Bertoua -où il arrive mercredi soir à bord d’un hélicoptère militaire, c’est par ce même engin que le Mindef et son état-major entendent poursuivre leur tournée. Bernique, à peine dans les airs, l’hélico zigzague, raconte une source généralement digne de foi. Sueurs froides à bord. A coup de sang froid et de professionnalisme, conforté par les propos du Mindef, l’équipage parvient à dompter le monstre de fer qui va très rapidement atterrir sans trop de casse, à l’endroit même où il avait décollé quarante secondes plus tôt. Plus de peur que de mal !
Le Mindef ne recule pas
Une fois l’hélicoptère au sol, un groupe de mécaniciens s’activent pour trouver la panne, y remédier afin que le Mindef reparte. Peine perdue. Joseph Beti Assomo n’est pas né de la dernière pluie. On ne se jette pas deux fois dans la gueule du loup. S’il a réellement échappé à un «meurtre déguisé» en une panne, pas sûr que la chance lui sourira une deuxième fois. Prenant tout le monde au dépourvu, l’ex-gouverneur du Littoral décide sec que le trajet continue, mais par voie terrestre. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le cortège du Mindef s’ébranle dans la forêt équatoriale. Direction : Kenzou. Un voyage long, harassant, sur une route non bitumée, sinueuse et chargée de danger.
Joseph Beti Assomo arrive à destination les traits tirés. Toutefois, rapportent des témoins, le Mindef semble plutôt galvanisé par le malheureux incident. Tel un commandant des troupes au front, Beti Assomo garde concentration, détermination et sens de l’honneur. « On pensait qu’après le coup de l’hélicoptère, il allait annuler sa visite. C’était mal connaître l’homme. L’ancien gouverneur de la région de l’Extrême-Nord est d’un courage fou, plus que jamais déterminé à marquer son terrain. Malgré cet accident de parcours, il manifestait toujours l’envie de foncer», a confié admiratif, un membre de la délégation du Mindef que votre journal a joint le week-end au téléphone.
Une enquête riche en révélations ?
Après l’escale de Kenzou, le Mindef et sa délégation mettent le cap sur Garoua-Boulaï. La visite de la 123e compagnie d’infanterie motorisée et de l’escadron de gendarmerie est au programme. Revenu à Bertoua (chef-lieu de la région de l’Est), c’est plutôt via un gros porteur militaire, indiquent nos sources, que Beti Assomo regagnera Yaoundé. Mettant ainsi un terme à une tournée riche en émotion.
Concernant l’enquête, rien pour l’heure ne filtre. L’hélicoptère serait encore cloué à Yokadouma. Était-ce un accident ou une tentative d’assassinat (comme penchent plusieurs sources rencontrées par votre journal) ? Les conclusions de l’enquête diront de quoi il en retourne effectivement. Mais déjà, l’on a en mémoire l’accident d’hélicoptère qui a coûté la vie en 2009, dans la localité de Boumnyebel, au colonel israélien Sirvan. Sa probité et sa montée en puissance dans l’estime du président de la République auraient signé son arrêt de mort.