Il est détenu avec six autres personnes pour trouble à l’ordre public et voies de fait.
L’abbé François-Xavier Nssi Essono est toujours gardé dans les cellules du commissariat du 14e arrondissement de Yaoundé. Il a été interpellé dans la matinée du 12 octobre 2017.
De sources policière, il a d’abord été déféré hier, avec une demi-douzaine d’autres prévenus, au parquet du Tribunal de Yaoundé – Ekounou. Mais le procureur de la République près ladite Cour les a ramenés pour complément d’enquête.
Le collège Gazolan
Tout serait parti du collège Gazolan, situé au quartier Ekunu à Yaoundé. Propriété familiale de l’ancien international camerounais de football, Jules Denis Onana, sa gestion aurait été cédée à l’abbé, dès son retour de France.
En état de déliquescence avant cette cession, cet établissement secondaire aurait, de sources concordantes, retrouver du prestige.
Début septembre, les propriétaires signifient à l’abbé François-Xavier Nssi Essono leur intention de reprendre les rênes de l’établissement. Ce qui n’aurait pas été à sa convenance.
De sources policières, il aurait refusé de remettre les clés. Mais ces dernières sources imputent plutôt le désaccord à des malversations financières.
Troubles à l’ordre public et usurpation présumée de titre
Ce ne sont pourtant pas ces querelles pécuniaires qui ont conduit l’abbé au commissariat du 14e. C’est le sous-préfet de Yaoundé IV, saisi pour une rixe dans l’enceinte de l’établissement scolaire, qui y aurait fait descendre la police.
La bagarre aurait opposé la famille propriétaire et des individus qui seraient proches de l’abbé. Heurts au cours desquelles il y aurait eu plusieurs blessés dont un grave.
C’est donc aux motifs de trouble à l’ordre public et voies de fait que l’abbé serait retenu.
La note pastorale du Vicaire Général de L’Archidiocèse de Yaoundé du 03 octobre 2017 faisant foi, il semble que le procureur de la République souhaite également enquêter sur une éventuelle usurpation de titre.
Dépendamment des conclusions du complément d’enquête, ils pourraient être de nouveau déférés lundi matin. A moins d’être simplement remis en liberté.
La note pastorale du Vicaire Général de L’Archidiocèse de Yaoundé, du 03 octobre 2017, pourrait être utilisée par la justice camerounaise pour inculper l’abbé François-Xavier Nssi Essono d’usurpation de titre. Qu’en est-il exactement ?
Selon le Code de droit canonique (Can. 266 – § 1.), « par la réception du diaconat quelqu’un devient clerc et est incardiné dans l’Église particulière ou à la prélature personnelle pour le service de laquelle il est ordonné ».
Or, l’abbé François-Xavier Nssi Essono a effectivement été ordonné diacre en la Basilique Marie Reine des Apôtres de Mvolyé en 2007 par Mgr Joseph Atanga, alors évêque de Bafoussam.
« L’ordination achevée, le nom de chacun des ordonnés et du ministre de l’ordination, le lieu et le jour de l’ordination seront notés dans un registre spécial diligemment conservé à la curie du lieu d’ordination », précise le Canon 1053 – § 1.
Ce qui suggère que les services de L’Archidiocèse de Yaoundé, et donc de Mgr Daniel Ewolo, disposent de preuves que « Monsieur François-Xavier Nssi Essono »est bel et bien un clerc.
D’autant qu’il a été accueilli dans le diocèse d’Évry Corbeil- Essonnes, comme appartenant au diocèse de Bafoussam. Il a été ordonné prêtre de Jésus-Christ en la cathédrale de la Résurrection d’Évry en décembre 2010.
Il en est reparti en 2011 pour le Cameroun en qualité de prêtre du diocèse de Bafoussam. Il s’est ensuite lancé dans la fondation de la Congrégation des Missionnaires de Saint Augustin, implantée dans L’Archidiocèse à Yaoundé.
Le Canon 265 précise que, en plus des dispositions du Canon 266 – § 1, un clerc peut être « incardiné à un institut de vie consacrée ou une société qui possède cette faculté, de sorte qu’il n’y ait absolument pas de clercs acéphales ou sans rattachement ».
Il faut par ailleurs savoir que, une fois le sacrement de l’ordre reçu, il est indélébile. Comme si le psalmiste, on est prêtre « à jamais selon l’ordre de Melkisédek ».
La seule chose qui ferait de l’abbé François-Xavier Nssi Essono un non prêtre, ce serait la preuve d’un défaut de communion avec les évêques, à travers son évêque. Une « suspens ad divinis », pour péché grave.