Ahmed Abba, le correspondant en langue haoussa de RFI au Cameroun est toujours en détention. Il était à nouveau au tribunal militaire de Yaoundé mercredi 4 janvier, pour une audience pendant laquelle les débats ont porté sur la recevabilité d'un rapport d'expertise présenté comme à charge. Ses avocats ont dénoncé d'autres vices de procédures qui ont entaché la production de ce rapport.
Le procès, lui, n'a toujours pas abordé le fond du dossier et s'enfonce dans ces nombreux vices de forme. Dix-huit mois de détention, plus d’une dizaine d’audiences et autant de renvois, le procès d’Ahmed Abba n’en finit plus de s’étirer en longueur. Englué dans des questions de procédure, le procès n’est toujours pas entré dans l’examen au fond du dossier.
Pour la défense, ces questions de forme sont essentielles pour garantir un procès équitable. Maître Clément Nakong, l’un des avocats d’Ahmed Abba : « Nous défendons monsieur Ahmed Abba qui encourt aujourd’hui la peine de mort. C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons lésiner sur aucun moyen pour défendre ses intérêts lorsque la moindre règle de procédure a été violée. Nous ne pouvons pas, en tant que défenseur des droits humains, avoir le cœur tranquille lorsque nous savons que nous avons laissé passer une violation du droit ».
Violations de procédures
A l’audience de mercredi, les avocats de la défense ont à nouveau dénoncé ces nombreuses violations de procédure qui empêchent, en l’état, d’ouvrir le débat sur le rapport d’expertise commandé par le tribunal. A leurs yeux, les conséquences pour la prochaine audience sont évidentes.
« Le juge aura donc devant lui soit de désigner de nouveaux experts en leur indiquant qu’ils doivent se conformer rigoureusement au respect et à l’application de la loi, soit il constate comme nous l’avions déjà invité il y a quelques mois que jusqu’à ce jour, il n’y a pas de preuve et, de l’acquitter purement et simplement », estime Maître Clément Nakong. Cette audience qui s’annonce d’ores et déjà décisive a été fixée au 2 février 2017.