Dans le centre du Cameroun, à Nkoteng, les employés de la Société sucrière du Cameroun ont déclenché une grève explosive en janvier, réclamant avec détermination des salaires impayés. La situation a brutalement dégénéré le 4 février 2025, conduisant à une intervention sanglante des forces de l'ordre qui a révélé les profondes tensions sociales du pays.
Le bilan humain de cette répression reste contesté et dramatique. Marina Mesure, députée européenne, affirme qu'au moins quatre personnes ont été tuées, dont un enfant et un policier. Le gouverneur local, Naseri Paul Bea, minimise ces chiffres et ne reconnaît qu'un seul décès côté ouvriers, justifiant l'intervention policière par une prétendue agression à la machette.
Sur la scène internationale, la répression a immédiatement suscité une vive condamnation. Marina Mesure a directement saisi la Commission européenne, dénonçant une violation manifeste des droits fondamentaux des travailleurs et une répression d'une violence inédite. Son intervention met en lumière les tensions croissantes entre les multinationales et le prolétariat camerounais.
Les implications politiques pour le régime de Paul Biya sont potentiellement dévastatrices. Cet événement risque d'aggraver l'isolement diplomatique du gouvernement, fragilisant son image internationale et sa légitimité. La Sosucam, entreprise détenue à 75% par un groupe français, est devenue le symbole des dysfonctionnements structurels du pays.
La configuration économique et sociale du Cameroun se trouve ainsi brutalement exposée. Un système où les travailleurs luttent pour leurs droits fondamentaux, où la répression devient une réponse systématique aux revendications sociales, révèle les profondes fractures d'un régime vieillissant et déconnecté des réalités populaires.
Pour le président Paul Biya, cette crise représente plus qu'un simple incident. C'est un avertissement cinglant sur la fragilité de son pouvoir, sur la nécessité de réformes profondes et sur les risques de délitement social. La communauté internationale observe désormais avec une attention accrue les actions du gouvernement camerounais.
La répression de Nkoteng pourrait marquer un point de bascule dans l'histoire politique du Cameroun. Elle cristallise les tensions accumulées, défie les principes démocratiques et pourrait précipiter des changements politiques majeurs dans un pays longtemps resté sous l'emprise d'un régime autoritaire.