Seule l’ambiance morose qui règne à la commune d’arrondissement de Ngaoundéré 1er, dans la matinée du lundi 22 juin 2015, rend compte qu’il y a anguille sous roche en ces lieux. D’après nos informations, les employés de cette municipalité ont des arriérés de salaire.
Six mois pour les simples employés et quatre pour les membres de la nomenklatura. «C’est la mauvaise foi et le comportement du receveur municipal, qualifié de peu orthodoxe, qui sont à l’origine de cette triste ambiance de travail qui se dégage. Cependant, le maire avait déjà signé les mandats de paiement des salaires», laisse entendre un personnel de la mairie.
Pour mieux faire entendre leurs voix, les subordonnés du maire Bobbo Salihou ont déposé une plainte pour détournement contre le receveur municipal, Aboubakary Mohamadou, auprès du délégué régional du ministère du Travail et de la Sécurité sociale pour l’Adamaoua. Aussitôt alerté, l’inspecteur du travail a convoqué le receveur le 22 juin 2015. Ce jour-là, des contrôleurs de finances étaient également dans ses services pour évaluer la situation de la caisse.
C’est finalement aux alentours de 16h qu’il a été entendu par l’inspecteur du travail. Deux jours après, c’està- dire le 25 juin, la police a pris le relai en auditionnant le mis en cause. Ce dernier est alors accusé d’avoir bloqué les salaires du personnel et d’absence continue à son lieu de service.
En réalité, le non-paiement des salaires est l’arbre qui cache la forêt. Le maire, son équipe et le receveur municipal sont à couteaux tirés. Ainsi, l’exécutif communal et le service des recettes de la commune d’arrondissement de Ngaoundéré 1er se regardent depuis quelques jours en chiens de faïence. Le premier groupe, celui du maire, accuse le receveur d’autarcie, d’absentéisme et d’être un point d’achoppement pour le développement de l’arrondissement.
«Le patron du service des recettes est considéré par nous, agents communaux, comme un caillou dans la chaussure du maire», selon Jean de Dieu. A contrario, le receveur municipal avoue qu’il n’est pas sous la commande de l’exécutif communal. «Mon chef hiérarchique est le trésorier payeur général et ma tutelle, c’est la préfecture. Alors, je n’ai rien à voir avec les maires et les conseillers municipaux», dit Aboubakary Mohamadou. De fait, le receveur doit débloquer 13 millions de Fcfa par mois pour rémunérer les agents de la commune ; soit au total, 117 millions Fcfa qui seraient ainsi détournés.
Des salaires qui, selon le maire Bobbo Salihou, «restent l’une des principales obligations des dépenses de la municipalité.» Mais le receveur «absentéiste» ou le «tout-puissant », comme le surnomme ses proches collaborateurs, opte pour le paiement des factures. Ceci, «parce qu’il a un intérêt particulier», nous fait savoir une source interne à la commune.