Le 12 septembre 2016 devait marquer la fin du sursis de deux ans accordé aux producteurs de whisky en sachet pour écouler leurs stocks. Le 12 septembre 2014 a eu lieu la signature d’un arrêté conjoint des ministres des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (MINMIDT), du Commerce et de la Santé Publique, rendant d’application obligatoire la norme sur les boissons spiritueuses.
Une enquête conduite par l’Agence des Normes et de la Qualité (ANOR) entre 2013 et 2014 a établi que le taux d’alcool dans ces boissons n’est pas respecté. Les Camerounais consomment des boissons dont le taux d’alcool dépasse les 40%. Plus graves, des analyses en laboratoire ont révélé que les fabricants utilisaient comme matière première le méthanol au lieu de l’éthanol, alcool autorisé dans la fabrication du whisky.
Selon le journal Baromètre Communautaire paru le 24 novembre 2016, ces évidences scientifiques et techniques ont amené les professionnels de la santé à dire qu’il s’agit d’un danger réduisant la capacité physique et pouvant conduire à des attaques cardiaques; des cirrhoses de foie; des troubles nerveux et souvent, la folie...
«Je ne crois pas que les whiskies en sachet se font pas rares dans nos marchés, auprès de nos livreurs et chez les grossistes. C’est seulement le prix qui est passé de 1500 à 1800 FCFA soit une augmentation de 300 FCFA. Ce qui nous pousse à vendre un sachet à 125 FCFA au lieu de 100 FCFA par le passé», témoigne Mary, une revendeuse de ces produits.
Pourtant, le MINMIDT, Emmanuel Bondé [à l’époque] était catégorique le 12 septembre 2014: «il n’est plus question d’importer les matières premières ni de produire des whiskies en sachets et en bidons. Cette marchandise devra impérativement avoir disparu de nos marchés dans ces délais», avait-il martelé.
Aujourd’hui, l’assainissement annoncé est resté un vœu pieux. «Il n’y a pas de contrôle, quand bien même certains employés du ministère du Commerce nous approchent, on leur fait savoir qu’on n’est pas au courant de l’interdiction et s’ils insistent on s’arrange et ils s’en vont», confesse Justine, une tenancière de call box au marché Mvog Atangana-Mbala à Yaoundé pour qui la vente du whisky en sachet représente le gros du chiffre d’affaires.
Selon la norme, «les boissons spiritueuses doivent être conditionnées dans des récipients autres que les sachets ou les bouteilles en plastiques. Les récipients doivent être fabriqués avec des matériaux sans danger et convenant à l’usage auquel ils sont destinés. Ils ne doivent transmettre aux produits aucune substance toxique ni aucune odeur ou saveur indésirable».