Elle a regagné l’éternité samedi dernier à Bamoungoum, en l’absence de ceux qui claironnent défendre le flambeau laissé par les martyrs du parti historique, en dépit des témoignages pathétiques sur son combat politique.
Le fait était manifeste pour ne pas être souligné en gras. L’ombre d’aucun de ces prétendus responsables qui se battent pour le contrôle de l’Union des Populations du Cameroun n’était visible au domicile familial des Ouandie, où repose depuis samedi dernier celle qui fut l’épouse de l’une des figures les plus charismatiques de l’UPC.
Pas de Basile Onana, Louka Basile, Bapooh Lipot, Pierre Sende, ou Jean Bahébeck. Une absence qui avait tout l’air d’un boycott pour les obsèques de celle qui en plus d’avoir été la compagne de lutte et l’épouse du nationaliste Ernest Ouandie, coulait du pur-sang bassa dans les veines, originaire comme l’on sait de la Sanaga maritime.
Une absence qui n’a pas manqué d’aiguiser la curiosité de l’assistance à ces obsèques, surtout pour ses frères qui se battent au quotidien pour défendre l’héritage laissé par les vrais UPCistes confirmés. Même indifférence de la part des autorités pour la mémoire de celle qui avait été l’épouse de l’un des martyrs réhabilités par une loi de l’assemblée nationale du Cameroun.
Idem pour les autres partis de l’opposition, qui n’ont pas daigné envoyer des représentants à ces obsèques. Côté UPC, seuls Bernard Ouandji, accompagné du vice-président de son bureau Adrien Bassangba, constituaient des figures remarquables du parti historique, de même que quelques membres de la branche UPC dite des fidèles.
Témoignages
N’empêche, ces absences n’ont rien enlevé au caractère émouvant de la cérémonie funèbre. Notamment, les différents témoignages débités ont rappelé que Marthe Ouandie a mené une vie pleine de combattante pour la liberté et la poursuite de la défense des idées de son époux. Philippe, le fils ainé, est revenu sur une existence difficile et périlleuse, du fait de la mort précoce par fusillade de leur père et l’exil forcé de leur mère, dont une grande partie au Togo.
Contraints au nomadisme entre les villes de Bafoussam, Douala et Buea, ses frères, sœurs et lui ont dû essuyer jusqu’à une décision d’exclusion de l’administration néocoloniale du Sud-ouest, les interdisant de séjour dans la capitale de cette partie du pays. Le Secrétaire particulier d’Ernest Ouandji a davantage épilogué sur le sens réel de la réhabilitation reconnue aux martyrs de l’UPC, sans la moindre marque d’attention à l’endroit de la famille de ceux que la nation reconnait pourtant comme les pères de l’indépendance.
Pour lui, Marthe Ouandie est le symbole de cette indifférence des autorités, elle qui après près de 40 ans d’exil est revenue vivre dans un « Elobie » de Bonabéri à Douala, avant de mourir dans l’indifférence la plus abjecte. Aussi a-t-il appelé pour un éveil des consciences, et particulièrement chez les jeunes, afin de poursuivre le combat laissé par les martyrs pour la victoire totale.
Et quand Bernard Ouandji prit la parole pour 2 minutes de témoignages pathétiques, il a rappelé les péripéties difficiles auxquelles les Oundie étaient soumis, obligés de changer de quartiers à Douala et de villes, du fait de la forte répression des néo-colons français, qui avaient Ernest Ouandie dans leur viseur avant sa fusillade sur la place publique par l’ancien régime. Suffisant pour décrocher quelques larmes chez les amis et connaissances, même chez les UPCistes dits des fidèles, venus accompagner la compagne et l’épouse du combattant historique à sa dernière demeure.