Actualités of Tuesday, 16 August 2016

Source: L’Oeil Du Sahel

Les Moussey dénoncent l'arrestation de Vamoulké

Photo d'archives utilisée à titre d'illustration Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

Sa communauté fait valoir l’intégrité morale et le patriotisme de l’ex-Dg de la Crtv.

La promotion de Monsieur Amadou Vamoulké au poste de Directeur Général de la Cameroon Radio and Television le 25 janvier 2005, fut un grand événement majeur, dans le genre de certains actes stratégiques du Chef de l'Etat dont lui seul maîtrise à la fois le secret de l'opportunité et de la pertinence.

C'est donc à juste titre qu'elle fut saluée par la cornmunauté nationale et internationale. Journaliste de profession, intellectuel, manager et haut commis de l'Etat à l'expérience et à la compétence éprouvée, Amadou affichait alors un parcours époustouflant étoffé sur trois décennies de services éloquents : La première à la Sopecam, la deuxième à l'Imprimerie nationale (Dg), et la troisième aux côtés du Dr James Onobiono, lequel se souvient d'une collaboration harmonieuse, gaie et fructueuse avec celui qui était au coeur de ses grandes planifications.

On peut aisément comprendre pourquoi l'acte du chef de l'Etat fut presque unanimement salué en ces termes, «the right man in the right place at the right time»,que s'empressa légitimement de magnifier un autre honnête compatriote en la personne de Djodjo Kampété de regretté mémoire et alors Président de la section Rdpc du Mayo-Danay. C'était lors du meeting de remerciements organisé à Yagoua, à l'honneur d'Amadou Vamoulké et d'Adoum Garoua, ce dernier nommé ministre des sports.

Les fils et filles du Mayo-Danay, de l'Extrême-Nord, du Grand-Nord et les honnêtes hommes des autres régions ont vu en Vamoulké, l'homme de la renaissance de la Crtv pour une refondation des liens avec son auditoire national et international, par une transmission plus ordonnée du message politique du chef de l'Etat en même temps qu'une information mieux assumée et plus professionnelle. Dès son arrivée donc, les auditeurs et les téléspectateurs, qui délaissaient déjà les émissions de la Crtv, ont eu un regain d'intérêt de par la qualité et le contenu des programmes revisités. Le concept de saut qualitatif, qui lui est très cher, était une boussole de sa gestion que beaucoup ont qualifiée de management moderne. Sur les différentes antennes, l'économie, le social, l'agriculture, la culture, la santé, les documentaires instructifs et un peu de politique ont alors repris une dimension fort appréciable.

L'appel à candidatures qu'il a lancé et qui a aussi concerné les anciens baobabs de la Crtv fut un acte courageux et sans précédent. Les jeunes talentueux et compétents et même les moins jeunes de La Crtv pouvaient dès lors occuper, sous le label «the right man in the right place», des postes prestigieux, jadis réservés à une certaine classe. Et beaucoup de journalistes aujourd'hui à la Crtv peuvent aisément le témoigner.

Intégrité

Sa relève à la tête de la Crtv le 29 juin 2016, après 11 ans de bons et loyaux services (alors que ses détracteurs lui en donnaient moins de deux), était logiquement attendue et ne pouvait être que bien accuellie, parce qu'il prenait une retraite bien méritée. Mieux encore, il avait largement dépassé la durée de longévité au poste de Dg des sociétés d'Etat, laquelle est normalement de 3 ans et ne peut pas excéder 9 ans.

Quoi de plus normal, jusqu'à ce que l'alerte de son arrestation le 29 Juillet 2016 vient troubler la quiétude quotidienne. Et tout citoyen et observateur averti et attentif peut se questionner et questionner son environnement sur cette rocambolesque arrestation. Comment comprendre que quelqu'un qui a distrait plus de 2 milliards de Fcfa ne puisse pas s'offrir un petit luxe, ni faire des cadeaux et dons conséquents ou exubérants à sa famille, ses frères, ses amis et même au parti Rdpc dont il a participé très activement à la construction dès le congrès de Bamenda en mars 1984 et dont il est membre titulaire du Comité Central ?

Comment comprendre que quelqu'un qui dispose de plus de 2 milliards de Fcfa puisse vivre dans une modestie et d'une simplicité presque inacceptable pour son rang et dans notre contexte où l'ostentation est la règle ? Sa maison de Yagoua, construite depuis 1988, n'a connu qu'un léger ajustement ne dépassant guère 5 millions de Fcfa. Sa modeste maison de Gobo, où il accueille les invités du Festival International Kodomma, peut être construite par n’importe quel cadre sans responsabilité à la Crtv.

Une source bien introduite auprès de Vamoulké s'indignait d'ailleurs que «si elle avait appris qu'il avait distrait des livres pour sa culture, elle aurait peut-être un peu cru» pour démontrer le pan de probité morale et d'intégrité de l'homme et son attachement à la lecture. Comment oublier que cet homme à la plume mûre et sûre, à la compétence irréprochable, aux qualités managériales avérées et au bilinguisme châtié et envié, a fait un redressement financier osé à la Crtv, pour que le«gombo» et les missions fictives ne puissent exister que de nom, au bonheur de l'image et de la santé financière de La Crtv ?

Souvenons-nous que ses aptitudes en matière d'éloquence et de management lui valaient et lui valent toujours beaucoup d'admiration au sein de l'élite camerounaise et beaucoup d'éloges fusent encore à son endroit. Beaucoup de compatriotes ne trouvent-ils pas en lui un parangon de succès ? Souvenons-nous aussi qu'il a été le meilleur directeur général dans ce pays. Ces qualités ne sont-elles pas à l'origine des jalousies et donc, de ses soucis dans une vision lointaine non avouée ?

Est-il donc juste de casser cette admiration et ce modèle au nom des intérêts sombres et malicieusement construits ? Comment oublier que Vamoulké a su maintenir le cap des programmes et des déploiements des équipes de reportage dans les coins et recoins de notre cher et beau pays alors que dès 2006, le budget de la Crtv avait été drastiquement et sauvagement haché, passant de 25 milliards à 15 milliards de Fcfa. Malgré cela, de nombreux équipements de pointe sont acquis et des zones d'ombre ont pratiquement disparu grâce à sa détermination et son obstination, à la satisfaction des populations.

Comment oublier et justifier par rapport à son prédécesseur, une diminution de moitié de son salaire, si ce n'est le pousser simplement à une démission savamment programmée? De nombreuses autres tentatives d'éjection n'ont connu que des insuccès. Fort heureusement, on rencontre un homme désintéressé du bien. Il pouvait alors ironiser à l'adresse de ses bourreaux à l'émission «Politude» qu'il n'a besoin que de 300 000 Fcfa pour s'occuper de sa famille.

Patriotisme

Comment ne pas reconnaître à Vamoulké un courage de lion et un patriotisme éprouvé, puisqu’avisé quelques jours avant son arrestation, il a décidé d'affronter dignement cette épreuve d'humiliation, avec la ferme conviction qu'il mérite mieux. Il a décidé qu'il ne fuira pas ce pays qu'il aime tant et que la vérité et la justice, la vraie, jailliront un jour comme un torrent, de ses profondeurs et de ses valeurs. De là à se demander pourquoi ne comparaîtrait-il pas libre ?

Comment ne pas reconnaître à Vamoulké ses actions et sa participation dans le rayonnement de notre pays et dans le développement socio-culturel et économique, notamment dans son Mayo-Danay natal. Il est membre de plusieurs organisations internationales et assure depuis quelques années, les rênes de l'organisation des radios et télévisions francophones. Comme Rédacteur en chef à Cameroon Tribune, il a royalement et courageusement condamné le putsch du 06 avril 1984, alors que son origine pouvait le faire pencher vers l'illégalité. Il a porté avec brio et pendant plus d'une décennie la Fédération camerounaise de Lutte à des sommets enviables, avec de nombreuses médailles internationales.

Il a organisé en 1999, la conférence économique du  Danay qui a posé des jalons du décollage, fut-il timide, de la Semry ainsi que celui d'autres entreprises. Il est le concepteur et le promoteur du Festival international des arts et de la culture Moussey, dénommé Kodomma, qui a un rôle d'interpénétration culturelle majeur et dont les pareils restent encore rares ; en raison du regroupement des communautés du Cameroun, du Tchad, du Nigeria et du Burkina Faso.