Actualités of Friday, 13 October 2023

Source: www.camerounweb.com

Les Révélations de Jeune Afrique : les Coulisses du Conflit entre EY, Savannah Energy et Joseph Pagop au Cameroun

Paul Biya et Déby Paul Biya et Déby

Le bras de fer juridique entre le géant mondial de l'audit et du conseil, EY (Ernst & Young), et son ancien représentant au Cameroun, Joseph Pagop Noupoué, se déroule sous les projecteurs des tribunaux et des médias. Jeune Afrique (JA) dévoile aujourd'hui les dessous de ce conflit dont les sources remontent à plus d'une décennie, mettant en lumière les révélations successives de JA.

Le conflit a débuté lorsqu'ECA Ernst & Young Cameroun SA et ECA Ernst & Young Cameroon SARL, représentées par Joseph Pagop Noupoué en tant que country managing partner d'EY au Cameroun, ont annoncé leur retrait du réseau global d'EY le 6 octobre. En conséquence, ces entités ont changé de nom pour devenir ECA SA et ECA Tax Legal. Le 10 octobre, EY a contre-attaqué en annonçant que les associés avaient voté pour destituer Joseph Pagop Noupoué de son poste de country managing partner d'EY Cameroun, le déclarant également non salarié. Erik Watremez, actuel représentant pays au Gabon, le remplace temporairement, tandis qu'Abdoulaye Nchingou Mouchili et Anselme Patipewe prennent en charge les divisions audit et fiscalité. Cette confrontation a donné lieu à des menaces et à des intimidations des deux côtés, avec des conséquences potentielles sur les employés et les clients.

Le conflit ne date pas d'hier, mais remonte à la cooptation de Joseph Pagop en avril, lorsqu'il a acquis 0,46 % des parts de Savannah Energy, devenant ainsi administrateur non exécutif de la société. Cette nomination a contredit les règles d'EY visant à éviter les conflits d'intérêts, car Savannah Energy est cliente du cabinet de conseil et est cotée à la Bourse de Londres. Des discussions ont eu lieu entre le siège britannique d'EY et Joseph Pagop de mai à août, mais elles n'ont pas abouti. Erik Watremez a été envoyé au Cameroun pour tenter de résoudre la situation, mais Pagop a refusé de quitter ses postes de directeur général d'ECA Ernst & Young Cameroun SA et de gérant d'ECA Ernst & Young Cameroon SARL.

Ce conflit a également révélé des incohérences quant aux rôles et fonctions de Joseph Pagop Noupoué. EY a noté que Pagop, en tant que juriste, ne pouvait être actionnaire de la société d'audit et a admis avoir négligé ces aspects lors de l'acquisition d'ECA Ernst & Young Cameroun SA en 2012. De plus, Pagop a pris le contrôle de la branche fiscale, ce qui a conduit à un différend de plus de dix ans.

Le retour d'EY au Cameroun en 2011, six ans après son départ, a été le point de départ de ce conflit. Joseph Pagop, à la tête du département Afrique d'EY à Paris, a été sollicité pour diriger la nouvelle entité au Cameroun. Cependant, les révélations de Jeune Afrique mettent en évidence les circonstances entourant cette acquisition, révélant un accord complexe entre EY et Joseph Pagop Noupoué.

Le conflit est loin d'être résolu, avec Joseph Pagop portant l'affaire devant la Cour internationale d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris pour faire valoir ses droits. EY se prépare également à des actions au pénal, accusant Pagop d'usurpation de titre et de falsification de documents. Le sort de l'entité EY au Cameroun reste incertain, mais l'accent est mis sur la continuité du service pour les clients. Le bras de fer se poursuit, et les révélations de Jeune Afrique éclairent les enjeux en jeu.