Actualités of Sunday, 22 January 2017

Source: fr.allafrica.com

Les autorités rançonnent les chefs traditionnels

Le préfet de la Vina et le sous-préfet de Ngaoundéré 2ème exigent 100.000 F.Cfa pour l'organisation Le préfet de la Vina et le sous-préfet de Ngaoundéré 2ème exigent 100.000 F.Cfa pour l'organisation

Depuis lundi 9 janvier 2017, une demi-dizaine de chefs traditionnels de l'arrondissement de Ngaoundéré 2ème dans le département de la Vina fait le tour des boutiques et magasins de l'arrondissement pour percevoir les frais de participations des commerçants, éleveurs, élites et autres chefs traditionnels en vue du financement de la réunion de coordination administrative et de sécurité du département de la Vina, qui aura lieu dans quelques jours.

Selon les membres de la commission pilotée par Hamatoukour, c'est sur instruction de Justin Mvondo, le préfet de la Vina et de Sadou Daoudou, le sous-préfet de l'arrondissement de Ngaoundéré 2ème qu'ils collectent les fonds en question. Le montant varie selon l'activité et la fonction de chaque personne. Ainsi les chefs de villages de l'arrondissement de Ngaoundéré 2ème versent la somme de 100.000 F.Cfa, les chefs de quartiers du centre urbain 50.0000 F.Cfa, les grandes élites en fonctions de leur moyens et les commerçants et éleveurs 50.000 et 25.000 F.Cfa. La collecte est répertoriée dans une liste que les membres de la commission de recouvrement tiennent.

Selon l'un des membres de ladite commission leur tâche se limite au recouvrement. « Nous avons été envoyés par le sous-préfet de Ngaoundéré 2ème qui nous a dit qu'il répercute une instruction du préfet de la Vina. Cette affaire nous dépasse. Si tu ne donnes pas ils disent que tu es contre le gouvernement », explique un chef traditionnel très en colère.

Le chef de l'Etat saisi

Les petits commerçants ne sont pas en reste. Ces derniers également ont été sommés de mettre la main à la poche sous peine de représailles. 5000 à 20.000 F.Cfa, c'est le montant qu'ils doivent débourser pour l'évènement qui pointe à l'horizon. « Je viens de donner ma participation qui s'élève à 10.000 F.Cfa.

Ce n'est pas parce que je veux j'ai été contraint », confie Alhadji Hamidou, un commerçant au petit marché de Ngaoundéré. Selon cet opérateur économique, il a déjà saisi le président de la République pour dénoncer cette attitude des autorités administratives de l'Adamaoua. Il ajoute que : « tout commerçant qui ne contribue pas reçoit après la visite des agents des Impôts et autres fonctionnaires de finances ».

Idem pour les chefs traditionnels. Selon eux à chaque évènement ils sont contraints de cotiser soit pour le préfet ou le gouverneur de la région. « C'est obligé pour nous chefs traditionnels. Dès qu'un évènement est en vue, nous cotisons pour l'organisation. Djaoro, chef de 2ème ou de 3ème degré, vous allez donner ! Si vous refusez c'est au commissariat spécial que vous êtes convoqué pour outrage à l'autorité administrative. Nos collègues de l'arrondissement de Dang on fait les frais au mois de juillet 2016. Ceux qui ont refusé de verser ladite somme au sous-préfet ont été convoqués. On a même menacé de leur retirer l'arrêté préfectoral les reconnaissant comme chef. Pour éviter donc la destitution, nous payons », explique Djaoro Iya.

Récidive

Approché par le Jour, le sous-préfet de Ngaoundéré 2ème affirme que cette pratique n'est pas une nouveauté. Sadou Daoudou affirme que c'est à l'initiative des chefs traditionnels que cette quête a été décidée. « C'est pas nouveau dans l'Adamaoua. J'ai voulu proposer une participation de 25.000 F.Cfa. Ce sont les chefs qui ont décidé de verser 50.000 F.Cfa. C'était au cours d'une réunion dans mes services.

Cet argent va permettre à nourrir et héberger les autres sous-préfets de la Vina ainsi que leurs chauffeurs. Nous avons fait un budget de plus de 3.000.000 F.Cfa et ils sont chargés de collecter ladite somme. Je n'ai rien inventé. C'était la même chose dans les autres arrondissements qui ont reçu la réunion de coordination administrative et de sécurité de la Vina. Et c'est aussi la même chose au niveau régional » explique le sous-préfet de Ngaoundéré 2ème.

Il ajoute qu'il s'agit d'une instruction du préfet de la Vina. Même les délégués départementaux et d'arrondissements doivent aussi mettre la main à la poche pour l'organisation de ladite réunion de coordination administrative et de sécurité de la Vina qui dure deux jours selon le chef de terre. Joint au téléphone, Justin Mvondo, le préfet de la Vina a dit ne pas être au courant de ces opérations.

Il s'est refusé de tout commentaire. Trois maires du département de la Vina ont saisi le ministère de l'administration territoriale pour l'informer qu'ils ne cotiseront pas pour les autorités administratives de la Vina. Il s'agit des maires de Belel, Nyambaka et Ngaoundéré 2ème.